…atelier ouvert de Joachim Séné, écriture…
les hommes tombaient des remparts
les femmes tombaient des remparts
d’autres exilés insoumis
près des aires d’autoroutes
dormaient en corridors tunnels
et asiles insignes
la femme les regarde-t-elle encore
par quel bord les voit-elle
la mère de ma mère s’appelait blanche
sur le chemin de la vie
elle montait sur sa chaise pour allonger les fils du fromage
elle a été tuée par la mort dans l’hôpital à créteil
et je lui tisse une écriture
linge de mémoire
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
pour la beauté de sa lumière
le père de ma mère s’appelait fernand
sur le chemin de la vie
il mangeait de la pomme avec le gruyère
il a été tué par la mort dans l’hôpital boucicaut
et je lui tisse une écriture
linge de réglisse
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
qui attache les yeux de sa lumière
la mère de mon père s’appelait camille
sur le chemin de la vie
elle buvait son café le matin en se promenant dans son jardin
elle a été tuée par la mort dans sa maison de seine-et-oise
et je lui tisse une écriture
linge de papillon
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
pour voir trembler la lumière de ses cheveux gris
Maryse Hache, Abyssal Cabaret. Publie.net, 2011.