Mars pourriture

4 février 2021

Tout est traité comme ça, cette courte vue économique ruine l’humanité. Lénine parlait déjà de pourrissement du régime capitaliste, et on pouvait espérer à l’époque un quelconque terme à ce processus, une fin de règne où un "monde de demain" n’aurait plus qu’à se baisser pour ramasser ces ruines et reconstruire. Mais plus d’un siècle a passé et il reste des ordres donnés et suivis dans ce monde où une poignée de riches persiste dans son combat contre l’humanité ; et sans doute ne faut-il rien ramasser du tout.

C’est déprimant, les étudiants sont en plein dedans, les témoignages de la "génération Covid" sont glaçants. Parce qu’on voit que la crise climatique est du même tonneau, comment savoir si c’est "exponentiel" ? C’est-à-dire que la moindre progression dans la même direction n’ajoute pas de risque mais multiplie les risques. Qu’est-ce qui y serait exponentiel ? On imagine, sans trop savoir, et si le GIEC donne des pistes, on ne peut que craindre que les experts soient en-dessous de la vérité. Et s’il y avait, comme le Covid, un point au-delà duquel revenir en arrière avec des mesurettes est impossible ? Comme quand j’arrête ma bouilloire au moment où je vois sur le cadran lumineux 90°, la résistance n’est aussitôt plus alimentée électriquement, mais la température continue de monter jusque 100. A 100°, l’eau disparaît, perd sa structure moléculaire liquide et devient vapeur, se dilue dans l’air et disparaît.

Des nouvelles donnent de l’espoir d’un monde meilleur. Perseverance va se poser sur Mars, emportant avec elle un hélicoptère prévu pour l’air rare martien. Sept secondes d’amarsissage, forcément en totale autonomie, plusieurs minute-lumière de la Terre. La surprise de la réussite après. Et le prélèvement d’échantillons de roche ou sable, dans un ancien delta, que le robot enfermera dans des boîtes sur son chemin, boîtes qu’une autre sonde viendra récupérer dans quelques années, avant de rentrer avec sur Terre, dans dix ans peut-être. On se dit que ça paraît loin, dix ou douze ans, pour attendre ces échantillons. Mais ce n’est rien, n’est-ce pas, de planifier quelque chose de cette ampleur à dix ans ? Ce qui est étonnant c’est qu’on ne puisse pas ou plus le concevoir, assommés que nous sommes de décisions à la petite semaine depuis trop de décennies déjà, décennies qu’on semble avoir oublié. La langue et l’organisation du pouvoir s’acharnent aussi à détruire l’Histoire.

Peut-être que l’activité humaine, avec l’usage des ondes radio basse fréquence en hausse depuis les années 60, a développé une couche de magnétosphère nous protégeant un peu mieux de certains rayons cosmiques, d’après un article repris probablement un peu vite ici ou là. Mais pourquoi pas.

Je ne sais pas, sûrement d’autres choses encore.

A côte de chez moi un nouvel entrepôt Amazon remplit tous les parkings riverains gratuits alentours, de camionnettes blanches parfois frappées du logo d’un loueur. Travailleurs précarisés soumis aux commandes, livrés à eux-mêmes en dehors du parking privé d’Amazon dans la nature, sans beaucoup de droits, sans CDI, même si l’on est sûrs que les commandes affluent. Dès l’aube les camionnettes font la queue pour que l’entrepôt les remplissent, avant d’aller livrer. Les scooters apportent aussi la nourriture, personne par personne. Payés à la tâche. Le numéro vert d’informations sur le vaccin et prise de rendez-vous est géré par un service privé de téléopérateurs embauchés en intérim à la semaine, payés à l’heure (c’est toujours mieux qu’à l’appel). On sait les délocalisations, le droit du travail toujours plus faible recherché pour baisser les coûts de production, l’invention de l’Union Européenne pour créer un marché législatif.

Comment les arrêter définitivement ? Par quels moyens ?

Que faire ?