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Actif d’âmes

lundi 8 septembre 2025

7 septembre 2025

Il y a déjà des zones inhospitalières pour l’humain sur Terre, déserts de sable ou de glace, fonds marins, sommets montagneux. Pas assez ou trop de température, pas assez d’oxygène, pas de chaîne alimentaire, centaines d’hectopascal de pression. C’est pourtant le seul endroit à des années-lumière à la ronde, et on aggrave chaque jour notre cas...

Ce qui fait chaleur, c’est la température de nuit, plus que celle de jour. 22° le jour, avec 12° la nuit, ou 19° la nuit, ce n’est pas la même journée. On dort, on ne sait pas bien, mais ça ne va pas. Bientôt, il faudra des prévisions météo de nuit, bien séparées de celles de jour. Voire, uniquement la nuit, car le jour sera de toute façon trop chaud, au-delà du supportable, on ne vivra pas, de jour. Ou alors sous terre, le marché de l’immobilier comme ils disent aura bien changé. La surface pour les prolos, les profondeurs pour les riches, plus proches de l’enfer auquel ils appartiennent. Mais l’enfer sera en surface, et ce sera la seule planète.

Cela ressemble un peu à un cauchemar éveillé :

Dans un rapport de 2011 intitulé "Données personnelles : émergence d’une nouvelle classe d’actifs", le Forum Economique Mondial (WEF) présenté une vision des données personnelles comme "le pétrole nouveau du 21e siècle". Un qualificatif qui allait être largement repris. Spécifiquement, le rapport prédit que les données personnelles aller former une nouvelle forme de monnaie pour les individus — qu’ils seront libres de gérer par eux-mêmes : "de manière pratique, les données d’une personne deviendraient l’équivalent de leur ’argent’. Cela prendrait la forme d’un compte permettant de contrôler, gérer, échanger, de la manière dont fonctionnent les services bancaires aujourd’hui."
— Blog Orange, avril 2017 (traduit de l’anglais).

Surtout une monnaie pour les big tech companies, pour le moment... J’ai écrit sur des câbles sous-marins qu’on peut couper et la destruction d’Internet, cette info passe. J’écris peut-être sur autre chose maintenant, une autre destruction.

Rien à voir, Claude Simon, Histoire :

[...] la carte représentant la rue d’un village montant en escalier entre des murs de pierres sèches une femme se tenant sur le seuil d’une maison la partie gauche du corps cachée par le montant vertical de la porte, regardant le photographe un poing sur la hanche un seau à ses pieds comme si elle venait juste de le poser et de se relever un chat blanc pelotonné contre la pierre du seuil une petite fille debout un peu plus bas au milieu de la rue vêtue d’un sarrau d’écolière qui lui tombe jusqu’au-dessous des genoux les deux mains jointes sur son bas-ventre les bras en corbeille penchant un peu la tête sur le côté et clignant légèrement des yeux dans le soleil, et immédiatement derrière les toits le flanc abrupt de la montagne s’élevant presque vertical sauvage rocheux et on peut entendre le silence le murmure continu de l’eau glacée qui coule descend le long du caniveau au milieu de la rue en se bousculant, il y a des bûches empilées sous un auvent contre le mur de droite on peut aussi sentir l’odeur du bois l’odeur jaune des bûches coupées montrant leurs tranches leur chair étoilée striée de veines concentriques jaune foncé jaune pâle alternées un peu de neige salie finissant de fondre au pied du tas de bois névé en miniature dessinant une série de pics irréguliers en dents de scie léchant les bûches exhalant l’odeur de violette le parfum glacé coupant de la neige, le timbre d’un gris mauve représentant une sorte de pendule de dessus de cheminée où deux personnages à demi nus la femme tenant un rameau feuillu l’homme un caducée où s’enroulent deux serpents sont appuyés symétriquement de part et d’autre du chiffre 10 masquant en partie le globe terrestre avec ses continents compliqués ses mers ses océans par-dessus lesquels leurs mains libres se joignent s’étreignent

Aussi difficile prétend-on que l’écriture de Claude Simon soit, mais elle ne l’est pas si l’on se laisse porter par la phrase, et puis on a le droit de ne pas tout saisir immédiatement, le droit de relire, de relire encore, ces images sont arrachées à l’oubli du temps et offertes à notre lecture non pas directement comme des photographies archivées sur microfilm, ni comme une voix enregistrée, plutôt comme des souvenirs qui seraient les nôtres et que l’on aurait oubliés, et qui reviendraient de cette manière difficile, en tout cas indirecte, digressive et progressive au fil de la lecture, incertains d’abord ("ça me dit quelque chose...") puis de plus en plus évidents ("oui, c’était comme ça... je me souviens maintenant..."), jusqu’à devenir familiers, personnels, comme un regard, un geste que l’on aurait eu et qui, écrit maintenant sous nos yeux, ne se distingue plus de nous.

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