Assumation

24 novembre 2021

Dans le TLFi, je lis la définition d’Assomption :

Acte d’assumer, de prendre à son compte avec toutes ses implications.

Je repense au mot Assumer tel qu’il est utilisé par les politiques, quand ils nous regardent "les yeux dans les yeux", à la télévision. Assumer : "Prendre sur soi, à son compte, avec toutes les implications de ce qu’on assume." Autrement dit jamais ce que font ces politiques qui disent "assumer" quand ils ne font que déclarer "j’assume" pour balayer tout reproche et s’en tirer sans implication, aucune conséquence. Le verbe fonctionne alors comme un mot magique, une formule qui, une fois posée, les lave de tout soupçon. Comme un ordre pour taire toute rumeur, polémique, enquête. "J’assume", comme expier par le simple fait de le dire. Comme si prononcer le mot, effaçait tout. Ce qui est dit est : "oui, je l’ai fait", "oui, j’ai pris l’argent", "oui, j’accepte que des membres de mon cabinet jouent les policiers et cassent du manifestant, voire du non-manifestant", "oui, nous n’avions pas de masques et je le savais parfaitement", "oui, j’ai dépensé l’argent public en restaurant de luxe", et simplement le dire. Assumer sans conséquence, comme ils font, assumer sans contrepartie, c’est être par définition inconséquent, déraisonnable, irresponsable. Et ces hommes-là revendiquent cela, cette inconséquence. Des responsables politiques qui se vantent d’être irresponsables, et s’y trouvent bien, et souvent élus, réélus, ou nommés, re-nommés.

Et ce sens philosophique puis religieux, d’Assomption, cet acte d’assumer et aussi celui de monter au ciel, le TLFI, toujours :

Assomption de la Vierge Marie. Croyance chrétienne, proclamée dogme de la religion catholique depuis le 1ernovembre 1950, suivant laquelle la Vierge Marie a été enlevée corps et âme au ciel ; fête célébrée en cet honneur le 15 août selon une très ancienne tradition.

Est-ce que dans ce double mouvement c’est le message que ces politiques qui "assument" veulent nous faire passer ? Qu’en réalité ils "Assomptionnent", bref qu’ils sont au Ciel, de nature divine et intouchable, et qu’effectivement Assumer peut s’employer sans conséquence vu leur position devenue sainte, Êtres tout puissants par la force de leur Verbe ?

Mosaïques, disparues depuis, empruntées à la revue tmp

Parlant d’Assomption, en 2017, j’ai écrit une nouvelle, Le Syndrome de Wagner, dans la partie réservée aux abonné.es de mon ancien site, ici. Je pourrais la republier dans ce nouveau Journal. Je me rends compte que j’ai assez vite abandonné l’écriture régulière de nouvelles courtes. J’ai d’ailleurs perdu des abonné.es. J’essaie depuis cette année de reprendre une régularité. Parfois avec un simple texte en infolettre réservée. Ce n’est pas assez. Je ne sais pas si je n’y arrive pas parce que j’ai insuffisamment d’aboné.es pour me motiver, ou si je n’ai pas assez d’abonné.es parce que j’échoue à me pousser à écrire spécifiquement pour cette rubrique réservée. Par ailleurs cette partie de site est une archive, cependant je pourrais toujours utiliser le système de comptes d’abonnement pour y placer des nouvelles si de nouveaux tipeur.euses arrivaient. Je ne sais pas, placer du neuf dans l’ancien site me chiffonne.

Je pose au moins le début du texte ici.

*

Le Syndrome de Wagner

William ne sait plus quoi faire. Pour écrire, il n’a plus rien, et tout le monde attend. Enfin, il suppose, tout le monde est poli et ne s’étonne pas de son manque de productivité mais il sait qu’ils attendent, il en est sûr. Plus rien de neuf à leurs oreilles, et pour William plus rien sous les mains.

Et puis Richard lui parle de cette basilique, à Venise, où se trouve L’Assomption de la Vierge, d’après lui l’œuvre la plus magnifique du Titien. Surtout, elle inspira à Richard Wagner son opéra Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg, rien de moins. Casanova, lui, visita la basilique et dit du tableau qu’il était « le plus beau tableau du monde ». Wagner ne l’a pas vu à Venise. William demande si ça peut être un problème, que lui le voit à Venise, est-ce que la force inspiratrice fonctionnera ? D’autant mieux, lui assure Richard, ça marchera d’autant mieux, moi je l’ai vu là-bas, William, une ville unique, une basilique monumentale, tu verras, pars.

Alors William prend l’avion. Puis le bus et le vaporetto, et il marche, et il entre dans cette basilique de briques rouges, toute en rondeurs et hauteur. Il file directement tout au fond, où se trouve cette révélation.

Un ciel d’or. Des bras tendus vers Elle. Dont les bras à leur tour vers, au-dessus d’elle, le Très-Haut, posé sur un drap très noir penché il plane, soutenu par des anges. La Vierge est elle sur un vrai nuage, moins sombre et soutenu par plus d’anges. On ne dira jamais assez le travail des anges. Et les mortels au sol, n’ont qu’un ciel bleu à regarder, Elle semble leur boucher la vue. Les contrastes sont saisissants, l’obscurité, le bleu et le rouge, l’or.

William ne sait pas pourquoi, mais il cherche à s’approcher du

*

Mais qui voudrait connaître la suite ? Mais je ne crois pas que cette forme de recherche de revenus par soutien, abonnement, stream ou autre, soit adaptée à l’écriture vaguement expérimentale en ligne ; en tout cas me concernant.