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Attente chez YSL

mercredi 22 janvier 2025

Devanture d'une boutique abandonnée, les vitres remplacées par des planches, la peinture écaillée de partout, l'enseigne horizontale de la devanture indique : "Cuisine de nos Grand-Mères aux Saveurs Régionales"
 

21 janvier 2025

Dans les toilettes publiques de ce centre commercial, j’observe sur la paroi de plastique deux tentatives manquées pour réaliser un graffiti en forme de croix gammée. J’avais déjà vu, à Dol-de-Bretagne, il y a une dizaine d’années peut-être, cette difficulté du graffeur nazi à réussir du premier coup ce dessin qui lui tient pourtant tant à cœur. Je m’en amuse car Elon Musk hier a raté un cœur avec les doigts et à la place il a sorti un bras tendu. Non, ce n’est pas drôle, mais c’est déjà pas mal de rire. D’ailleurs peut-être que ce serait la réponse ultime, la moquerie systématique contre cette engeance, puis les ignorer, ne plus répondre, ne jamais les inviter, leur adresser la parole, ne jamais les considérer, simplement les oublier. Peut-être que ça marcherait. Ce serait un monde meilleur si ça pouvait fonctionner.

Ailleurs dans le centre commercial géant, il y a des restaurants très chers, où mangent les travailleureuses du coin, peut-être venu•es en voiture depuis les petits centres d’affaires alentour. La dame du manège attend les petit•es client•es en regardant son téléphone et en relevant les yeux de temps en temps. Un courant d’air permanent et froid circule dans les allées. Un garçonnet roux de deux ans approche de la plate-forme circulaire et la dame du manège lui dit de faire attention. La grand-mère ajoute qu’il ne peut pas y aller immédiatement, parce qu’il faut aller manger ; il finit par bouder. Je me souviens des manèges, du monsieur du manège, du pompon, de la musique trop forte, des autres enfants qui prenaient avant moi le camion de pompier ou l’autocar.

En sortant du centre, il y a "le village". C’est une rue de boutiques de luxe, et à chaque entrée des gardiens vous demandent d’ouvrir les sacs, et en scannent rapidement le fond, d’un geste blasé. Les boutiques sont : Hugo Boss, Dolce Gabana, Gucci, Montcler, Yves Saint Laurent, Louboutin, Pierre Hermé, Tissot, etc. Les gens dans les rues portent déjà quelques sacs, des vêtements de marque sur le dos, des peaux parfaites, des accents américains. On est près de Disneyland, ici. C’est aussi la période des soldes dans le luxe. La boutique où il y a le plus de file d’attente est YSL. Pourquoi ? À 10h30, cinq personnes attendent que quelqu’un sorte pour être autorisées à entrée. À 14h00 c’est plus de vingt personnes qui attendent. Pourquoi cette boutique ? Quelle est leur jauge ? Qu’achètent ces gens ? La notion de soldes n’est-elle pas contradictoire avec celle de luxe ? Je sors du village, on ne me contrôle pas dans ce sens là. Le contrôle sert sans doute plus à rassurer la clientèle qu’autre chose. On ne contrôle pas à l’entrée du centre commercial des pauvres, juste à côté. L’attentat choisira son camp, camarade.

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