Avant tout

4 août 2025

Avant de reprendre ici des notes prises pendant un séjour à l’étranger, je me pose la question de sa forme : grande page web avec textes et photographies, navigables, mouvantes, désordonnées… Il faut d’abord développer les photos numériques : tri, cadrage, lumière. Penser l’organisation dans un espace de plusieurs écrans pour accompagner le texte, choisir comme un chemin où se déplaceront les lecteurices. Concevoir ça, tester un prototype sur écrans minces et écrans d’ordinateur. Reprendre le texte lui-même, poser toutes ces tuiles... Essayer aussi de rester simple, direct.

Je ne sais pas quel est le statut du Je de ce journal. Il est sans doute éclaté comme son titre, j’ai toujours considéré qu’un Je d’auteur est nécessairement plus complexe, en tout cas très différent d’un Je de personnage par exemple, d’abord parce que je ne peux pas le maîtriser, le planifier. Différent aussi d’autre Je que j’utilise, pour un courrier, selon que le courrier est familial ou administratif, etc. Le Je du journal en ligne surtout, ce journal extime comme l’a un jour nommé Michel Tournier dans son livre, quel est-il ? Ce n’est pas à moi de prétendre le dire. Il y a les lecteurices, critiques, universitaires, qui pourraient créer des sujets de recherche sur les Je de la littérature diariste en ligne. Quel est le Je de Guillaume Vissac ? Ou quels sont-ils ? Et ce block-note, partie d’un site plus vaste, en quel Je-cerveau plongeons-lisons-nous ? Ailleurs, il y a parfois des Je du Geindre qui ne se tournent vers l’extérieur que pour mieux s’apitoyer sur eux-mêmes. Aussi, il y a des Je à peine intérieurs, entièrement étendus vers le monde. Et il y a des zones intimes, personnelles, familiales [… …], parfois montrées, voire exhibées, ou simplement évitées, mises de côté, protégées.

Par hasard, dérivant en reprenant ce début, je lis Pierre Vinclair, il écrit un poème sur le phénomène AirBnB, dans son atelier en ligne, possibilité d’hébergement qui m’a bien sûr servi pour ce trajet.

Lire un journal de voyage en voyage est une mauvaise idée. Mais je ne fais pas un voyage, à peine du tourisme, dans un pays trop cher où je n’aurais pas pu aller si [… …]. Le journal, Ecuador de Michaux, c’est à cause d’une invitation le 10 septembre, par l’Université Gustave Eiffel.

Et ces vacances, je ne sais pas où les situer. Je veux en faire un voyage, mais ce n’est que du déplacement touristique. Rien à côté de certains tours du monde (où Arnaud Maisetti cite aussi Michaux...) ! Inversement, un déplacement dans le cadre imposé du tourisme peut être transformé en une expérience qui dépasse le cadre consumériste, si l’on essaie d’en sortir. Et ce que j’en fais, dans l’écrire, ou dans le non écrire ? Hors du flux ? Ça, c’est facile : je peux poster sur mon site sans rien relayer, et vraiment qui veut seulement peut lire. Et la forme ? Blog ou page navigable unique ?

Pour le moment, le trajet (disons trajet), est terminé, le journal au brouillon, et ce premier fragment en fait partie, et n’en fait pas partie (de la page unique que je prévois de programmer).