Barbelés, feu
mardi 17 mai 2022
1er mai 2022
En lisant Des Îles , sous-titré (Lesbos 2020 – Canaries 2021), ces silhouettes et leurs trajets qui se croisent à Lesbos, au camp de Moria, me fait l’effet d’une description du monde globalisé tel qu’il est, tel qu’il est voyagé par la masse humaine, par les exilés chassés par les guerres, les dictatures, parfois par une famille toxique, dangereuse, une mafia ; ou encore, un désir personnel, profond, mystérieux, sans question. Les trajets, les noms de lieu, Chine, Kinshasa, Algérie, Canada, Syrie, et les besoins vitaux, et les mains tendues, les aides et les villes, leurs camps d’île, le mur qu’est L’Union Européenne, ce qui est construit politiquement, là, à quelques encâblures, littéralement, de ces roches que je vénérais hier encore, il y a sur l’île voisine, le monde entier qui passe, les policiers et les aidants, les exilés, les vivants et les morts, et toutes les histoires qui rebondissent contre les barbelés, les poubelles, les embarcations. Parfois, le feu. S’il fallait décrire l’humanité au 21e siècle, il faudrait décrire ces camps, écrire ce que la politique, et son héritage respectable, font aux corps, aux liens humains. C’est ce livre, que je lis.
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Dans le tramway, dans une portion qui semble correspondre au trajet que Socrate emprunte dans La République, je lis quelques lignes, au même endroit, donc.