Bleu
mardi 5 décembre 2023
5 novembre 2023
L’attente, le temps qui passe dans un moment de rien, de fuite du temps qui ne bouge pas plus ni moins, mais c’est dans la réception du temps qui passe, parce qu’on ne fait rien, qu’il se produit quelque chose, et c’est une force de pouvoir tordre le temps, sans agir, par le non-faire, c’est précisément par le rien que nous pouvons transformer la matière temps qui autrement nous presse, nous empêche, nous écrase ou nous étouffe, tout à la fois.
La matière temps, dans des magazines comme France Dimanche, c’est aussi quelque chose. L’animateur télé n’a pas été tabassé récemment comme on peut le croire par le titre, le chapeau et le début de l’article. En fait, c’était il y a longtemps, il était jeune journaliste, il a voulu faire filmer une rixe à son cameraman et s’est retrouvé aux urgences. Mais dans l’article, c’est assez difficile de suivre, de rattacher à une réalité chronologique les époques écrites, car l’article rapporte qu’il raconte ça à la radio, mélange ces deux instants, plus celui où nous lisons qui est encore autre ; bref, on est perdu, mais pas grave, on y a cru.
L’animateur télé n’a pas le cancer (titre et photo de une, il est accablé), ni sa mère (début de l’article), en fait c’est une adolescente qu’il ne connaît pas personnellement, et il est question d’une association d’aide et soutien qu’il parraine.
Finalement, c’est un peu comme certaines critiques littéraires, qui vont donner une information sur "la narratrice qui est un double de l’autrice", ou nous dire que tel auteur sera couronné par tel Prix car le jury veut "rattraper le coup cette année". Aucun rapport avec le contenu réel, matière-langue, du livre, tout est mélangé, presque inventé, mais on y croit.
Sans une modération impeccable, Blue Sky finira inévitablement par être recouvert des mêmes immondices qui coulaient sur Twitter.