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Cercles d’eau

lundi 13 novembre 2023

13 octobre 2023

Qui se souvient de ce Goncourt ? Il commençait ainsi :

Le chant du coq, l’aube, les chiens qui aboient, la clarté qui se répand, l’homme qui se lève, la nature, le temps, le rêve, la lucidité, tout est féroce.
Je ne puis toucher la couverture colorée de certains livres sans que remonte en moi une sensation de douleur.
Un corps préférait leur lecture à moi-même. Une jeune Allemande s’occupa de moi jusqu’à l’âge de deux ans. Le fait qu’elle lût à mes côtés m’ôtait à la joie de me trouver près d’elle.

Même celui-ci, ai-je l’impression, a disparu. Pas seulement les indispensables romans de rentrée de l’an dernier ont disparu, mais ce classique-là, effacé des mémoires, un grand Goncourt à faible vente, je ne sais pas, je ne peux pas croire que Pascal Quignard a été oublié, depuis 2002, on a même tiré un film d’un de ses livres, il y a une éternité. Et son Goncourt est un des plus déstabilisants, ces accidents de Prix littéraires qui récompensent parfois un texte, et pas un objet industriel ou une stratégie de vente, ce placement de Prix. Car le Prix, l’Académie, doit se placer sur le marché symbolique des Prix. Si chaque année le livre était tel qu’il ne se vendait pas, l’Académie du Prix finirait par perdre de sa valeur par rapport à ses concurrents, et ses membres perdraient leur réputation.

S’en tenir au texte, toujours.

Chaque œuvre est comparable à un pan de roche s’écrasant dans l’eau ; chaque saison de même ; des cercles s’y propagent ; ils se perdent dans le futur qui s’y répète comme dans le passé qu’ils inventent ; ils sont perdus mais ils ne sont pas disparus

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