Claque dans le vide
mardi 4 février 2025
3 février 2025
Parfois, le bouton en forme de corbeille est tellement proche du bouton en forme de crayon, on croirait que les designers ont voulu qu’on puisse si facilement effacer au lieu d’éditer.
Aucune idée si mon nouveau début pour RRK tient la route.
Novembre 1904, Normandie
Robert est étonné que le bouton sur le mur claque dans le vide. Ce jour-là, au Petit-Quevilly, on répare le courant chez les Keller. Ils habitent ce quartier moderne depuis longtemps. Le petit Robert, né en 1899, l’a toujours connu, et ses parents se sont mariés ici en 1896. La route de Caen est large, sous le plafond bas de la fumée des usines, le tramway circule. Partout, on produit, on chauffe, on électrifie, c’est le siècle nouveau qui emporte tout. Les rue boueuses seront bientôt pavées, on vivra comme à Londres, c’est ce qu’on raconte.
L’importance que j’accorde à relire chaque phrase et paragraphe avant d’aller plus loin, une fois le livre terminé mais qu’il doit être entièrement revu, fait que, si j’ai décidé de modifier précisément le début, cela devient très embarrassant. Je dois attendre, revenir sur les nouveaux chapitres plusieurs fois, à semaines, mois d’intervalle, c’est long.
Ici, ce journal, je relis beaucoup moins.
Alors je fais quoi de ce Petit et de ce petit ? J’ai envie de les garder, lier Robert au lieu de cette façon. J’ai retiré la mention du Croisset de Flaubert, situé de l’autre côté de la Seine, en face.
Je vois passer le nom d’Esther Tellerman chez Anath & Nosfé, et cela me fait plaisir. C’est très difficile d’écrire sur la poésie. D’ailleurs, on n’en parle jamais, si l’on écoute les émissions de radios dédiées à la critique, c’est le dernier genre. Que dire ? Il faudrait donner à entendre. La dernière émission consacrée a elle-même disparue. Si l’on court après l’audimat de RTL ou d’Europe 1, il semble qu’il faille effacer la poésie. Étrange, j’aurais pensé l’inverse. Pourtant, la poésie, à l’école, est présente, on peut dire que tout le monde en a lu et commenté, jusqu’en classe de 1ère pour celleux qui ont passé le bac de Français (a priori, 90 à 95% de la population). Pourtant, c’est comme si personne n’en avait jamais lu, et qu’il fallait l’oublier. Un peu comme l’Holocauste, d’un soi-disant sondage récent qui prétendait que moins de la moitié des jeunes de 15 à 24 ans savaient ce que c’était. Alors qu’iels l’ont toustes vu, dans le parcours qu’on appelle "général", en approfondissant des notions datant du CM2, donc : on tend vers 100%.
Toujours difficile de comprendre pourquoi les analyses linéaires disparaissent aussi vite de la mémoire de tant de gens. Peut-être parce que la société s’arrange pour écraser la possibilité de poésie et de liberté à coups de botte pour ne laisser que l’espace de respirer la survie ?
L’unité thématique se dresse autour du thème de la migration. Un peuple, ou un groupe, en tout cas un « nous », remonte un fleuve appelé tantôt « Ister » (suivant le nom antique), tantôt Danube. Des « je » et « tu » apparaissent, décrochés d’une situation d’énonciation claire. Le cadre spatio-temporel demeurera flou, ce pourquoi je parlais de paysages calmes et distants, dans la brume de la page blanche. Paysage minéral : bauxite, mica, schistes. Paysage végétal : peupliers, châtaigniers, saules, jardins. Paysage mythique : Héléna, Béatrix, Ariane, Ophélie. Et, évidemment, le fleuve qui traverse l’ensemble. Aussi, la source est-elle aussi bien naturelle que mythique, tout en jouant aussi sur le sens actuel : « Les combats se poursuivaient / selon les sources » (p. 113) se réfère plus clairement à l’usage à l’ère de l’information.
Extrait de Sous votre nom :
Ne cessions de
déporter
les ancrages
suture entre les
mers.
Voulions l’odeur
aigre des chambres
jour se mêlant
au jour
pluies retenues dans
les silences odes
et
bosquets rougesdans les maçonneries
lissées
j’attendais
vos écritures.