De Lourdes à Los Angeles
dimanche 22 juin 2025
21 juin 2025
De Lourdes à Los Angeles, il y a de tout et de tout le monde au marché de la poésie, je ne vois que la petite partie que je connais, années après années, réparti·es sur quelques stands les ami·es forment comme un havre, de reconnaissance et d’échos, la poésie au sens large est bien présente, elle circule sous les draps et toiles colorées tendues méditerranéennement entre les stands des allées Lev Rubinstein & Pierre Joris cette année, de ces noms éphémères donnés d’après les récents décès, puis de nouvelles rencontres se font, petit à petit, au détour d’un texte ou d’un verre, et la chaleur finit par appuyer fort, il n’y a qu’une seule fontaine, une Wallace, et j’oublie un peu de boire de l’eau, il n’y a aucun missile ici, je ne remarque aucune haine qui voudrait détruire qui tou·tes les juif·ves, qui tou·tes les arabes, mais en fait je ne sais pas ce qu’il y a au fond des cœurs les plus sombres, je vends mes livres, j’achète un livre, "Au vrai, la solitude est le seul sujet de conversation et d’écriture qui soit", un oloé se trouve dans un recoin d’une rue étroite, bière et partage, juste devant Ali Akbar passe en criant Le Monde, je lui achète

enfin au retour partout c’est la fête de la musique, la rue se remplit et bloque la circulation et mes pas, je dois même faire demi-tour pour trouver une autre bouche de métro, un gars dit à un autre qu’il doit step-up, une femme contre la chaleur porte une quantité de vêtements négligeable qu’elle tire inquiète et tire encore vers le bas, non loin un homme contre la chaleur se renverse sur la tête une bouteille d’Evian qu’il sort tout juste d’un distributeur, des jeunes dansent à deux pas d’un tas de poubelles digne de Naples en 2008 face à une supérette qui bloque son entrée, immense file d’attente devant, le problème je crois c’est l’eau, et à rebours de la journée comme c’est le jour de la poésie pour moi, dans ma tête je fabrique un quatrain puis un autre, j’aimerais faire un sonnet mais je n’aime généralement pas les formes classiques au contenu moderne, c’est pour jouer à faire des alexandrins parce qu’il fait trop chaud pour autre chose, arrivé à Noisy-Champs des regards vides dansent à peine autour d’une grosse JBL, au loin on entend vibrer l’hôtel de ville et Michel Fugain peut-être, un chat essoufflé glisse dans l’ombre d’un érable argenté.
C’est le réchauffement qui agit en fondeur,
Sur les corps, les esprits, le monde prend l’odeur,
Sous la terre les fourmis tracent des ellipses,
Et le pigeon en rut parle d’apocalypse.