Des façons d’attraper le Covid

Par les pieds
par les cheveux
la nuit, pendant un rêve
au volant, sur le périphérique parisien
en sortant du bus, dans un clignement d’yeux
en respirant le bon air printanier
à la caisse du supermarché
en prenant les articles sur le tapis roulant noir
en s’embrassant à l’ombre d’un platane
en faisant un château de sable à Cancale
par les ongles en grattant, en grattant
en glissant dans une flaque d’eau
sur le port de Marseille
regardant les filets de pêche en plastique effilochés
en descendant les poubelles
par l’oreille
par la plante des pieds
sur la pierre froide du vieux banc, près de la fontaine
en parlant de tout et de rien, du temps et de politique
en buvant un beau vin du Languedoc violet
au premier étage du restaurant, la flamme d’une bougie tremblait
en ouvrant un fichier à la souris
à l’imprimante déversant son papier
dans le couloir entre marketing et RH
à l’étage -2 du parking souterrain
en courant le matin autour du lac sous les saules
avec au casque sur les oreilles
la cinquième symphonie de Sibelius
composée pendant la guerre.