Détruire la langue

27 janvier 2021

Commencé à reprendre mes notes, rien ne tient, pour ce journal éclaté je veux dire. Ce qui est le principe même au fond. Donc tout va bien en fait. Soulagement. L’en-cours avance un peu. Roman historique. Récit ? Comment écrire ça ? La fiction sera nécessaire. Citer les noms, prévenir les vivants. Réorganiser les chapitres non encore écrits. Et puis, rien à voir : je retrouve d’autres notes, méta-écriture. Comment écrire sur écrire, et pourquoi ? Prendre ça au sérieux ? Ne pas se prendre au sérieux ? Eviter l’ironie facile. J’aime Pierre Bayard et Enrique Vila-Matas bien sûr. Anne Serre et Nathalie Quintane écrivent aussi comme ça, de ça. Envie d’un titre. Comment écrire un chef d’oeuvre. Ou alors encore mieux : Pourquoi L’Homme heureux est-il un chef d’oeuvre. Comme ça au moins. Je crois me souvenir que Commentaires sur la Société du Spectacle a été écrit par absence de commentaires sur La Société du Spectacle. Tant qu’à faire, pourquoi pas, après tout. Je vais perdre à nouveau ces notes de toute façon.

Avec les étudiants de Poitiers, quelques notes en vrac sur ce qui ferait "une œuvre web".

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Dans cette crise du Covid — mais n’est-ce pas dans toutes les crises ? Et ici plus révélé ?— le Pouvoir joue avec la langue comme avec le feu. Veran déclare que la courbe n’est "pas exponentielle" puisqu’on a "que" 10% de cas en plus chaque semaine. Or c’est la rigoureuse définition mathématique de la courbe exponentielle : F(n) = F(n-1)×1.1

Et c’est également de ça, détruire la langue, qu’il est question en ce moment — mais n’est-ce pas aussi un effet du Pouvoir ? Un moyen de domination supplémentaire ? Les mots du pouvoir, le confinement "serré", le "plateau montant" que ne serait pas l’exponentiel, les fausses-fuites d’informations et les "ce qu’on sait", les rumeurs des réseaux, une marmite de potion politique bout, l’angoisse monte des jours à l’avance avec la crainte de ce qui sera dit, est-ce décidé ? Sur quelles bases ? Tout le monde est épuisé, fissures.

Ajout du 1er février :
Cette phrase est un gouffre :

Une fois encore, le chef de l’Etat cherche à s’extraire de la pure logique sanitaire [...] "Emmanuel Macron veut montrer qu’il n’est pas à la main des scientifiques. C’est un acte d’autorité politique, il y a un côté churchillien", note le directeur général adjoint de l’Ifop, Frédéric Dabi. 

Détruire la science avec, tant qu’à faire.

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On a retrouvé une baleine échouée à Naples. Je pense à Maryse Hache.

on entend avion moteur / quelqu’un demande s’ils attendent / quelqu’un dit qu’ils sont sans tension dans leur simple présence / possible / nuages de passage en chevelure quadrilatères et camaïeux blanc / baleine échouée revenue sur nos bords
le livre