Documenter le son
lundi 8 novembre 2021
30 octobre 2021
Sortie de combien d’enregistrements en public des Pixies cette année ? Dix-sept. Parmi eux, quatre soirs de suite à Londres (Brixton Academy, sauf le premier, voir plus bas). C’est documentaire. Je découvre ensuite que ces albums sont sortis entre 2004 et 2006, au moment de la tournée de recomposition du groupe, en éditions limitées. 1000 ou 1500 copies souvent, pas plus. Et là, cette année, les seize albums de cette époque, plus un de 2018. Je pensais au départ à un usage du streaming nouveau, documenter tout ce qu’a pu faire un groupe, des milliers d’heures de musique, versées en une fois, possible seulement grâce à la consommation numérique. Mais il ne s’agit que de la publication sur les plateformes d’albums ayant existé en édition très limitée. Je connais peu de groupes qui jouent comme ça du numérique et de la durée possible d’un album, potentiellement très longue, voire infinie s’il était possible de passer non par une plateforme mais par un programme génératif. Mais sur l’album "classique", on peut exagérer aujourd’hui et proposer 3 heures, 6 heures, ce qu’on veut. 24 heures de musiques. Sigur Rós l’a fait avec Liminal sleep, 9 pistes et 2h28 d’écoute, et Route one, 24 hours version, 370 chansons de 4 minutes (moins 10 secondes réparties ici ou là) et voilà 1440 minutes d’écoute : "Le trio a traversé le pays vingt-quatre heures durant sans que le soleil ne se couche. À chaque arrêt, ils sortaient se perdre dans la nature sauvage de leur pays, transportant avec eux un software générant de la musique à partir du titre óveðu." [1] Les Flaming lips, avaient quelque chose avec une clé USB dans un crâne humain. Je ne sais pas si ça a été streamé.
(Je ne parle pas de John Cage ASLSP et autres musiques qui n’ont pas attendu le numérique, bien sûr).
Je me souviens de la musique de Castelvania 4 sur Super Nintendo, sa mélancolie. Quand je redémarre mon ordinateur, il retrouve son cœur pur. Sur un processeur déconnecté je programme une version de Bitcoin à l’état minéral, nécessaire retour aux sources de l’extraction sans électricité, à la force de la pioche et des explosifs.
Masanori Adachi and Taro Kudo
Il y avait une lumière jaune irréelle ce soir, le couchant d’habitude ne donne pas ça, mais ce soir les nuages, l’arc-en-ciel, l’atmosphère humide, tout fabriquait ce jaune. Prendre une photo n’a pas pu restituer le moment, c’était selon l’heure qu’il était aussi, "cette lumière-là, à cette heure-là", à une autre heure, ou dans un autre pays, ça aurait été complètement normal. Là, c’était comme si le soleil, à 18 h ou 19 h venait de se lever à l’ouest. Un jour j’ai cru que dans l’hémisphère sud le soleil se levait à l’ouest et se couchait à l’est, puisqu’en regardant le ciel vers là où était le soleil, il parcourait le chemin inverse ; or c’est regarder le nord que de regarder vers le soleil, et non plus le sud, et sa course de ma droite à ma gauche, au lieu d’être de ma gauche à ma droite, reste toujours de l’est vers l’ouest. Je crois que dans l’hémisphère sud, je serais complètement perdu, tout le temps, partout, à cause de ce phénomène. C’est peut-être pour cette raison que j’évite depuis toujours l’hémisphère sud.