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En lisant Jachère

vendredi 1er décembre 2023

20 novembre 2023

Peur des IA ? Peur des machines ?

On rassurait donc en disant que les humains conservaient le monopole de la décision de tuer.

(En lisant Jachère, le dernier roman de Philippe Aigrain, qui sort le 6 décembre, après une soirée de lancement et lectures la veille où je vais lire, avec Jane Sautière, des extraits.)

Des personnages survivants, immunisés, reconstruisent une société, sans technologie, ni productivisme, viande, domination etc. Rejettent tout ce qui faisait le monde d’avant. Et le monde d’avant flotte comme quelque chose d’interdit, auquel il ne faut pas revenir, qui sent la mort.

La porte latérale n’est même pas fermée à clé. Rangés les uns au-dessus des autres, six canoës, de grands bidons en plastique blanc au couvercle rouge et des gilets de sauvetage. Ce retour du passé nous saisit tout autant qu’avant l’odeur des charognes, comme s’il portait en lui tout ce à quoi nous avons survécu et les êtres perdus, comme si d’utiliser ces artefacts allait nous rendre complices du désastre que nous imaginions derrière nous, même si le futur est chargé de nouvelles menaces.

Une phrase qui m’a particulièrement touché :

Un autre principe va nous être d’utilité immédiate : "utiliser les bordures et valoriser les marges", qui ne devrait pas se limiter qu’à l’agriculture.

Vous pouvez vous procurer le livre en le commandant en librairie, ou en passant par la marge, ici. Il y a une préface de Marie Cosnay, et un texte final de Philippe Aigrain, dans ces deux textes, un dialogue philosophique, de Lucrèce et Ovide à Philippe Descola, des métamorphoses animales, végétales, à celles robotiques, comment vit-on avec les machines ? Quelque chose qui n’est sans doute pas assez pensé, on ne parles pas assez des interfaces, des algorithmes, de la place des programmes dans la vie économique, politique, la vie de tous les jours.

Marie Cosnay :

Comment partager équitablement le monde, populations du nord et du sud, gens en voyage, en exil, en mouvement, en déplacement, en quête de refuge, bêtes de laboratoire, forêts, outils intelligents, fauves ?

C’était toujours la même question que Philippe creusait. J’imaginais, alors, que j’avais bien le temps de chercher avec lui des pistes de réponse. Aujourd’hui, le chagrin est un bloc de pierre glacé. Parfois, le jour fait une grâce et j’aperçois une bribe de réponse, j’aperçois du moins que Philippe a la réponse : c’est lui qui parle, il nous la souffle, depuis la crête de cette montagne, dans l’effort de la première primevère ou le souffle de ce chien indompté, qui a débarqué, venu de nulle part, sur ma terrasse.

Les illustrations sont de Roxane Lecomte.

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