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Faire payer penser

vendredi 15 novembre 2024

14 novembre 2024

Après avoir capté le temps de lecture par les RS, cette économie de l’attention, il restait le problème de la production de texte, qui n’était pas rentable. Seul le temps de lecture pouvait l’être, pendant le scroll infini, par des publicités ou des messages incitant à rester sur la plate-forme, interagir et être ciblé par plus de contenus rémunérateurs.

Mais l’écriture, la réaction, le commentaire ? Tout cela était produit gratuitement par les utilisateurs, et ne générait pas de revenus, c’étaient les productions singulières de chacun•e, même quand il s’agissait de copier-coller. Avec les IA génératrices, il est possible de capter de la valeur à la fabrication du texte, voire à la fabrication de la pensée. Les ChatGPT, Claude, Gemini, sont disponibles librement mais il faut payer pour produire plus. Je n’écris pas "gratuits", car même sans payer, les saisies libres nourrissent la machine, c’est de l’apprentissage qu’on leur fournit.

De même pour le code informatique, une fois formé, je concevais seul mon code et me faisait payer. Maintenant, on demande à tou•tes de s’aligner sur le nouveau rythme de production rendu possible par les IA, et il faut payer pour suivre. De fait, je réfléchis moins au code, me concentre plus sur une vue générale, au bout du compte, je peux perdre ce savoir d’écrire le code petit à petit.

Et l’écriture, et la littérature ? Je le vois pour la programmation, ça touche à la pensée, je crois que ça la modifie, altère un mode (codage) développe (peut-être) un autre (conception). Pour l’illustration, même idée, de se dire qu’avec l’augmentation de la pression de demande de production, c’est passer plus de temps à prompter qu’à dessiner. On pourrait dire que c’est une technophobie primaire, mais je vise les IA génératives commerciales, pas les outils dédiés à la recherche où les réseaux de neurones et l’apprentissage automatique permettent de véritables avancées dans la recherche et donc pour l’humanité.

Si l’on ne produit plus de code informatique, comment les machines vont-elles se nourrir et progresser ? Si la production humaine de programmes, et que la production machinique augmente, les IA vont se nourrir de programmes générés par des IA, et il n’y aura plus d’apprentissage, plus d’invention.

Je ne sais pas si ce sont les RS qui m’empêche de lire autant qu’avant, ou la déprime à ne pas trouver d’argent, ou la médiocre qualité des textes que j’ouvre en librairie, ou l’âge qui avance ou une combinaison de tout ça, mais j’ai peur qu’il en aille de même pour écrire, je n’ai jamais écrit vite et toujours peu dans une journée, je dilue dans le temps et délègue à des mécanismes inconscients, tout cela est long, lourd et lent, fragile aussi, c’est pour cela que je reste éloigné des IA, pour le texte. Je m’en sers pour coder et résoudre plus de problèmes plus vite, dans l’espoir de gagner plus de contrats, mieux ma vie, mais je me méfie aussi de l’impact par ricochet sur la pensée, et sur l’écriture ensuite, car je ne sais pas ce que je deviendrais si je ne pouvais plus écrire.

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