Fin de la trêve spatiale

13 novembre 2020

Il y a cinq ans, Obama a brisé le Traité de l’espace de 1967 (le fait que les corps extra-atmosphériques n’appartiennent à personne (pdf)), et c’est peut-être ce qui a accéléré le lancement du projet Artémis de la Nasa par son successeur. Renvoyer l’homme sur la Lune [1], établir une base pour aller plus facilement sur Mars ou vers un astéroïde. Avec désormais la possibilité pour toute entreprise privée d’exploiter le sous-sol de la Lune, d’une planète ou d’un astéroïde, c’est-à-dire de l’accaparer, d’en faire sa propriété privée et de le vendre.

U.S. citizens can now legally own resources mined in space after President Barack Obama signed into law a debated bill that allows people to mine, sell and own any space material. 26/11/2015

L’agence spatiale du Luxembourg — oui, vous aviez bien lu — qui avait signé le traité de 1967, si elle ne peut pas signer la nouvelle exception américaine (il ne s’agit pas d’un traité international), l’applique pourtant et le Grand Duché est fier d’annoncer être "le premier pays européen, et le deuxième au monde, à offrir un cadre juridique sur l’exploration et l’utilisation des ressources spatiales, garantissant que les opérateurs privés peuvent être sûrs de leurs droits sur les ressources qu’ils extraient dans l’espace [2]."

On vise l’exploitation et l’accumulation du capital hors de la Terre, et dans un paradis fiscal. Ce n’est pas illogique du point de vue capitaliste quand on sait qu’il faut plus que les ressources que la Terre produit en un an pour satisfaire les besoins de consommation globaux. Une croissance mondiale à 2% entraîne un doublement de la production nécessaire à cette croissance tous les 36 ans. Le "Jour du dépassement", ce jour où l’on estime que "l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an" était en 1986 le 31 décembre. + 36 ans = 2022. Actuellement à environ 1.7 planète, ça fluctue. Je ne sais pas ce que ça veut dire, comment les calculs sont effectués, mais pour 2022 ou 2023 ça se présente bien il faudra bien 2 planètes. Et donc 8 planètes avant la fin du siècle [3]. Ces planètes il faudra aller les chercher si tout n’a pas déjà été cramé ici. Le minage s’annonce difficile en gravité nulle, si ce n’est impossible, tout ça ensuite pour extraire un infime pourcentage de matière réellement exploitable. Pour construire quel mythe ? Mythe de l’or, mythe de la monnaie, tout mythe valable pour accaparer de la richesse sur la force de travail, tout est bon. La monnaie, on aurait bien besoin d’en fabriquer en ce moment, et de la distribuer à ceux qui ne travaillent pas pour qu’ils puissent vivre pendant le confinement, mais est-ce que ça ne révélerait pas l’espèce de supercherie qu’il y a autour du principe même de l’argent comme valeur d’échange qui se pose fermement sur le travail qui crée la valeur ?

On en est là, et bientôt les guerres pour les ressources cosmiques se feront avec des drones, y compris sur Terre. En espérant que le rapport bénéfice/coût ne ramène ces gens à la raison, ou qu’un nouveau traité oblige à partager ces ressources équitablement (mais qui le signerait ? qui respecterait ce mythe-là de l’exploration pour la connaissance ?) ; comme cela devrait le cas sur Terre. Par exemple, un pays qui trouve 405 milliards de tonnes de gaz devrait le partager avec la population humaine entière, il s’agit d’un huitième de la consommation mondiale annuelle. L’accumulation privée (ou nationale) des richesses naturelles est répugnante, tout comme leur exploitation et leur consommation ; pourtant, il faut se chauffer l’hiver...

Tout est tellement "comme ça", "c’est comme ça", depuis si longtemps, que moi-même suis programmé à trouver gnagnan tout ce que je viens d’écrire au-dessus. Pourtant, on devrait vivre pour la connaissance et la création, par pour le territoire et l’accumulation ridicule de biens. On me demandera si l’humanité aurait inventé Internet et les ordinateurs sans ce système ? Vieux débat pour justifier. Comment savoir ? Et puis, les possédant, utilisons-les pour le mieux ; la centrale nucléaire plutôt que la bombe.

Les 2%. Actuellement, si l’on en croit le FMI cité par Les Echos : "Pour l’année en cours, la hausse du produit intérieur brut (PIB) mondial devrait s’élever à 3,3 % après 2,9 % l’an passé. Pour 2021, le curseur est placé à 3,4 %." Ces gens sont dangereux, on le savait, ce sont les mêmes depuis les débuts de l’Histoire, esclavages, guerres de ressources, de territoire, oppressions ici, privation de liberté là, apparence de liberté ailleurs, tant que ça produit, rien n’a changé et je ne sais pas ce qu’il faudrait concrètement faire pour empêcher d’agir ainsi sur l’économie, les gouvernements, institutions internationales, banques, entreprises ?