Goûts par livres
mardi 11 janvier 2022
15 novembre 2021
Il y a un livre pour chaque goût, c’est la démocratisation des deux côtés : plus écrivent, et la lecture se spécialise. Il y a la tristesse de perdre le commun. Mais le commun, c’est aussi la doxa, c’est la fabrique des œuvres qui sont majeures. C’est bien que chacun puisse trouver un livre qui lui convienne, un livre pour chacun, pourquoi pas. Il y a ce qui fait culture, est-ce que nous voulons encore ça ? Est-ce que nous avons besoin de ça ? Est-ce grave si la culture globale, ou commune, ou alors si "une" culture commune, disparaît ? Le goût individuel peut-il se former sans goût commun où découvrir facilement ce qui a marqué nos ancêtres, nos contemporains ; et à la fois rencontrer, dans ce nombre imposé, contre quoi lutter ? N’y a-t-il pas cet apprentissage par rapprochement et par antagonisme qui se perd, en donnant la culture à l’individualité massive ? Mais la culture partagée, n’est-elle pas aussi un poids, un fer, qui oppresse la créativité, crée des moules, des étiquettes, du valide et du non-valide ? Pourquoi, en tant qu’auteur, rechercher une reconnaissance toujours plus grande, comme une adhésion, à un groupe, ou à un modèle, alors qu’il faudrait chercher le contraire et tracer son chemin d’écriture sans rien attendre, s’occuper à créer une oeuvre dont le lectorat n’existe pas encore ? Mais ce regard n’est-il pas un peu facile, de se dire poète maudit, quand personne ne vous lit ? Faut-il être à la fois et maudit et reconnu ? Est-ce possible ? Ne pas s’en préoccuper est facile à dire, car quel insensible faut-il être pour ne pas écouter, et donc attendre, les retours ? Alors, on fait quoi ? Rien.