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Guerre liquide

vendredi 20 septembre 2024

3 septembre 2024

Avant de lire Le Présent liquide de Zygmunt Bauman, je me demandais ce qu’était le conflit Israël-Palestine, depuis bientôt un an, et avant cela, depuis bientôt 80 ans. Car cela va finir par faire un siècle. Et au cours de cette guerre, le 7 octobre dernier, une organisation terroriste et théocratique qui veut exterminer les Juifs, a tué des innocents par centaines ; ils ne veulent pas la paix. Ensuite, Israël a répliqué avec la violence coloniale d’un état impérialiste dirigé par les fascistes que l’on sait, qui veulent exterminer les Palestiniens, et en ont tué des dizaines de milliers ; n’aiment pas la paix non plus. Je me suis dit qu’on pouvait dire les deux choses, sans assimiler les premiers à des résistants et les seconds à des démocrates. Génocide, colonisation. Et les peuples ? Ils souffrent. Cependant, je connais encore mal les prémices de cette guerre, et les sources d’informations, voire les sources historiques, que je trouve sont peut-être biaisées ? Qu’est-ce qui fait que les Juifs n’ont pas pu s’établir en paix sur cette terre palestinienne ? Qu’est-ce qui fait qu’une partition n’a pas été pensée dès le départ ? Le motif Divide and conquer sans doute, voulu par les Anglais, les Français ? Mais surtout, qu’est-ce qui fait que ça nous traverse ?

Il est peut-être inévitable, dans ce monde avide de territoire, de ressources, de pouvoir, d’argent, je ne sais pas, inévitable de se voir former un ennemi dans certaines circonstances, et c’est sans doute plus compliqué et indicible qu’un simple ennemi contre ennemi ; avoir un ennemi peut permettre à un pouvoir une légitimité qu’il n’a pas autrement. Mais aucun•e israélien•ne n’a "bien mérité" le Hamas. Ni les Palestinien•es d’ailleurs, n’ont mérité ces représentants armés qui ne les tiennent pas moins en otage, et ont visé leurs principaux alliés : des kibboutz de gauche. Abandonnés, lit-on, par les militaires. Car ce sont leurs ennemis, ces israélien•nes là qui veulent la paix et la libération de Gaza. Tout comme le pouvoir israëlien ne veut pas la paix non plus. À l’esprit de qui viendrait de voler ou tuer des enfants, tuer des vieillards, violer des femmes comme représailles résistantes ? Et à l’esprit de qui viendrait de démolir entièrement une ville pour sauver des otages et vivre en paix ? Les morts sont à plaindre, 100 ou 10000, et s’il est "pire" d’en perdre plus, la comparaison ne peut diminuer aucune mort.

Mais comment m’imaginer tout cela ? Je suis athée et partout, là-bas, il semble que la folie religieuse les tienne depuis longtemps, et jusqu’aux urnes.

En pensant aux réfugié·es de la Méditerranée, et en lisant Le Présent liquide, où il est écrit :

Quand on est réfugié, c’est pour la vie.

 ; je vois un pays de réfugié·es (La Palestine), un pays réfugié qui n’a plus de refuge. Une guerre asymétrique, conduite par un pays jeune contre un pays qui n’est pas un pays, contre une armée qui n’est pas une armée, sur sol qui n’est pas un sol.

Même pas en son propre sein, ses seuls alliés sont les terroristes et théocrates de dedans et ceux de dehors (comme le Hezbollah). Le sol même sur lequel marche les palestinien·nes est un sol trahi, par des tunnels où se cachent les soldats du Hamas, où ils cachent (peut-être, sans doute) les prisonniers, les otages. Mais ne protègent pas ce qui devraient être "les siens". Des millions d’euros dépensés depuis plus de vingt ans pour creuser plus d’un millier de galerie jusqu’à 70 mètres sous terre ? La guerre qu’Israël mène [1], puisqu’ainsi a été décidée sa politique, ne peut alors passer que par ces tunnels, infiltrer. Comme une inondation qui vous prendrait par le sol, glissement de terrain, pas d’eau ici, que du feu, et les immeubles s’effondrent, et on ne peut plus marcher, la terre creusée de tunnels n’est plus une terre. La paix semble strictement impossible, plus rien ne sert d’y penser, surtout moi, ici, lointain, impuissant. Je place le neutre inclusif mais ce sont bien des hommes qui tuent, c’est dans ce sens là.

Pourquoi cela nous traverse ?
Peut-être parce que nous n’avons pas le choix.

Zygmunt Bauman :

Rien de ce qui se passe dans une partie du monde ne peut plus rester, en acte ou du moins en puissance un "ailleurs" intellectuel. Il n’existe aucune terra nulla, aucun blanc sur la carte mentale, aucun pays, aucun peuple inconnaissable ou même inconnu. [...] Les injustices grâce auxquelles nous nous formons un concept de justice ne se limitent plus à notre entourage immédiat.
[...]
Rien ne peut être raisonnablement considéré comme appartenant à un "ailleurs" matériel. Rien n’est réellement ou ne peut demeurer longtemps hors d’atteinte, indifférent à tout le reste. Le bien-être d’une société n’est jamais sans lien avec la misère d’une autre.[...]
Milan Kundera : "Personne ne peut s’échapper nulle part".

Notes

[1à milliards de dollars

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