Journal d’écriture
mercredi 8 mai 2024
7 mai 2024
Au moment où Remue.net se voit désubventionnée par la Région Île-de-France, je me pose la question du devoir d’Archives. Celui-ci est pris en compte, et d’ici la fin d’année, toutes les Résidences d’écriture Île-de-France seront préservées, et en même temps présentes sur le site. Je me demande toutefois, s’il n’y a plus de subvention, s’il y a un dédommagement pour cette conservation à chaud. Etrange.
Et au moment où, donc, je me pose la question de mon journal de résidence qui se composait en trois parties : pré-résidence, résidence, et post-résidence. En réalité, une partie vient s’ajouter avant, les textes écrit sur le présent Journal éclaté avant, et ceux après la résidence et ses 3 journaux. Je colle et reformate tout ça dans un fichier et j’obtiens 170.312 caractères. Soit un livre, à une relecture près, disons.
Il commence ici par ces mots :
Mon en-cours, ce roman historique, tout ce que je trouve au cours de mes recherches est tellement extraordinaire qu’il s’écrirait tout seul ; s’il me restait du temps pour l’écrire.
Hier, j’ai appris la sortie du livre d’Hervé le Tellier, Le nom sur le mur [1]. C’est l’histoire d’un nom écrit sur le mur d’une « maison natale », que l’auteur acquiert. Il découvre ce nom pendant le confinement qui va le mener sur les traces d’un héros inconnu de la résistance, André Chaix. Le livre est écrit de son point de vue d’auteur, entre recherche et digression, avec l’art impeccable de la phrase et de la construction, que l’on connaît à l’écrivain. Cela, dans un geste modeste et ferme d’opposition à ce fascisme du 21e siècle qui suinte partout dans le monde. Hervé le Tellier est également ancien trotskyste. Cela fait beaucoup, beaucoup de coïncidences entre lui et moi, l’Oulipo étant un autre point commun, mais lui en est Président, et moi simple pratiquant même pas encarté [2].
Et là, de deux choses l’une. Au moment où j’ai envoyé mon manuscrit (Le Réseau Robert Keller) à une quinzaine de maisons, et à une agente littéraire : soit le livre d’HLT (pas encore lu intégralement, mais que je sais déjà excellent, j’ai toujours aimé son travail) empêche le mien pour l’instant, car on considérera qu’un livre de ce genre suffit [3] ; ou contraire il peut l’aider en créant un espace possible pour une sorte de littérature de genre, donc, qui serait : héros/héroïne méconnu·e de la Résistance, histoire pour une réflexion contemporaine sur l’engagement. Et ce serait une sorte de logique, qui veut qu’on multiplie ces livres, pour multiplier des mises en écriture de ce moment fondateur de la démocratie en France : aurais-je été résistant ou bourreau ? Ceci reprenant le titre du livre de Pierre Bayard que je cite dans RRK, tout comme j’évoque le fait que Marie Couette, pour ne citer qu’elle, mériterait à elle seule son roman.
Enfin, ce serait peut-être un retravail de RRK à faire, y intégrer un peu plus de ce journal d’écriture ?
[2] Les points-communs, on peut les suivre ici et sur remue, donc, en résumé, je découvre le nom de Robert Keller sur un panneau de rue à Noisy-le-Grand, à 500 mètres de chez moi au cours de mes promenades d’une heure dans la limite d’un kilomètre autour de mon domicile, en 2020. J’interviens dans le roman en me posant la question de l’engagement, convoquant des auteurs, historien·nes et philosophes, le présent d’écriture et d’un temps de guerre, de fascisme grandissant est là, j’essaie d’utiliser les outils de la fiction avec décence et mesure, pour restituer, si ce ne sont les faits, l’esprit. Dans le puzzle trotskyste, je fus momentanément parmi les lambertistes, et toi, camarade Hervé, où étais-tu ?
[3] Surtout un bestseller assuré ; qu’on souligne ici le fait que L’Anomalie est le Goncourt le plus vendu après celui de Duras ! Très bon livre par ailleurs.