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Mélancolie médiavale-fantastique

mardi 23 mars 2021

20 mars 2021

Dans L’Aplatissement de la Terre, chez P.O.L Leslie Kaplan imagine que la Terre a fini par s’aplatir, à force de platitude d’idées partout. La construction d’un mur tout autour pour ne pas tomber, avec des haut-parleurs annonçant la fin ; parce qu’on se sent écrasé, comprimé, à plat, aplati. Et les petites décisions politiques qui sont prises. À déplier ici.

Dans L’Agrandirox, nouvelle faisant suite à Curiosity dans le livre publié aux Editions Noir sur blanc, Sophie Divry imagine un produit miracle vendu pendant le confinement qui permet d’agrandir son intérieur en aspergeant les murs et les sols. Mais, si l’on oublie le plafond, l’appartement démesuré où l’on a fini par se perdre devient en plus écrasant.

Ajoutons à ces deux livres Sur Ivan Oroc, le roman en deux parties écrit par Thierry Beinstingel en direct, chaque jour, pendant le confinement 2020 sur L’aiR Nu en audio, et publié sur son site, qui commence par cligner de l’œil à Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre avant de plonger dans un univers de plus en plus kafkaïen.

Il y aura ensuite les traces de ce confinement et de cette pandémie dans des signes non explicites de textes à paraître, qu’on reconnaîtra des années après, en souriant, en pleurant.

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Quand je vois une Ford Escort, je pense à ça dans cet ordre : je me souviens de la Ford Escort, de Ford Escort, puis du nombre 42.

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Dans certains jeux vidéos, il y avait une ambiance mélancolique, des couleurs d’automne et un monde médiéval-fantastique que je ressentais comme un regret de ne pas avoir vécu autrement que par pixels interposés. Et dans le souvenir les pixels se lissaient, l’image dans le souvenir n’est pas numérique, elle est image-souvenir. Souvent aussi, tout se concentrait dans le premier niveau, ou les deux premiers niveaux, seuls accessibles sur borne d’arcade par exemple, sans se ruiner. Dans Golden Axe, ces sols de boue séchée, ce ciel de fin du jour, des arbres nus, l’hiver et la brume. Dans Rastan, ces montagnes de pierres sculptées de statues géantes, et la musique dans un mode mineur grandiose. Des mondes d’un avenir revenu à la barbarie peut-être bien. Et au bout, la difficulté du jeu étant ce qu’elle était, et n’ayant plus d’argent : la mort. Même genre d’ambiance, Shadow of the beast, sur Amiga, des montagnes qu’on dirait délabrées, mais des arbres feuillus, un ciel d’aube, et ce fantastique scrolling différentiel, sur dix ou douze plans. Et là encore, un personnage qui court, qui va droit devant lui, comme un fou, pour sauver sa vie, et tout n’est pas très clair ; bref, une quête sans fin dont les sauvegardes et les disquettes à charger n’arriveront pas à bout ; et dont l’issue aurait été, dans une scène crépusculaire, de toute façon terrible si j’en crois ce "longplay".

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