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Monde simulation

mercredi 17 mars 2021

17 mars 2021

Un article explique que l’équipe du chercheur Hong Qin a développé un programme auto-apprenant [1] qui donne des prédictions précises du mouvement des planètes sans pour autant avoir appris les lois de la gravitation universelle d’après Newton et Einstein.

Le chercheur explique : "d’habitude en physique vous faites des observations, créez une théorie basée sur ces observations, puis utilisez cette théorie pour prédire de nouvelles observations. Ce que je fais, c’est remplacer ce procédé avec une sorte de boîte noire qui peut produire des prédictions précises sans utiliser une théorie ou une loi traditionnelle."

Peut-on dire que le programme a appris les lois de la physique si elles ne se trouvent pas dans sa base ? Le programme part des données, puis va à d’autres données. Aucune équation entre les deux. Les prédictions sont à base statistique, l’apprentissage se fait sur un certain nombre de cas qui vont déterminer la compréhension du programme, capable ensuite de représenter la nature correctement.

Alors, les lois de la physique sont-elles une illusion ? Le réseau de neurones n’a pas besoin de connaître ou d’encoder les lois de la physique pour obtenir les mêmes résultats que la théorie de la relativité, tout comme son homologue photographique n’a pas besoin de savoir ce qu’est un chien pour le reconnaître en photo. Il y a donc un programme informatique possible qui peux représenter notre Univers en se privant des grandes Lois de la physique. Et on peut se poser la question de la pertinence de ces Lois. Existent-elles ou ne sont-elles qu’une approximation humaine de la véritable nature de l’Univers, qui peut donc tenir dans un programme ? Autrement dit : cela est-il la preuve que nous vivons dans une simulation ? Après tout, des travaux récents en "gravitation quantique à boucles" semblent indiquer que la nature de l’espace-temps est discrète, que les particules dont les étoiles et nous-mêmes sommes faits évoluent d’un grain d’espace-temps à l’autre, sans continuité. Cela ressemble fort à des pixels [2], et Qin le dit : "si nous vivons dans une simulation, notre monde doit forcément être discret." [3]

Attention : on sait les erreurs, les biais, sur ces programmes de reconnaissance qui se basent statistiquement sur des données existantes. Reconnaître un pigeon où il y a un chien. Proposer des entretiens d’embauche plus spontanément à des hommes qu’à des femmes parce que le panel de départ est ainsi fait. etc. Ce programme qui déduit le mouvement des planètes a-t-il des biais que n’auraient pas les équations habituelles ? Ou au contraire pourra-t-il trouver ce qui se trouve dans les données et que nos lois n’ont pas encore trouvé ? Par exemple le lien entre physique quantique et physique classique, la théorie du Tout ? Une théorie du Tout qui serait basée sur des données seules, avec un programme qui nous donnera des résultats, une preuve qu’il a "compris" mais qui sera incapable de nous donner les lois, emprisonnées qu’elles seront dans une mémoire, une logique, une masse statistique incompréhensible par nous, tout comme nous ne pouvons pas montrer où est la "compréhension" de l’image du chien dans le programme qui l’a pourtant parfaitement reconnu. Et ce chien, par ailleurs, s’il est présent dans une mémoire informatique, existe pourtant dans la "réalité", est-ce que le chien dans le réseau de neurones a conscience d’exister, se sent-il plutôt pixels ou plutôt poils ? Attendons la suite des recherches du professeur Qin sur les plasmas pour le savoir.

Notes

[1pour en savoir plus sur le machine learning on peut lire ici.

[3On peut aussi lire l’article dans une version française.

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