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Pruniers en dérive

vendredi 21 février 2025

20 février 2025

Un jour, on se réveillera du capitalisme en se disant qu’on a été fou de permettre tout ça.

Il y a une censure inversée qui permet l’explosion des tweets d’extrême-droite ; noyer la liberté d’expression par le nombre des robots [1]. Fun fact (not) : cette anticensure du freespeech est compatible avec la censure à l’ancienne qui consiste à geler les financements de la recherche scientifique sur le climat, ou sociologique sur le genre ou le décolonialisme, à retirer des livres des bibliothèques et programmes, à faire taire des voix.

Ce qu’on raconte, encore. Les meilleur·es ingénieur·es de l’agence de protection et de cybersécurité américaine ont été licencié·es en masse. Les attaques étrangères vont rentrer comme dans du beurre, d’une part, et d’autre part, c’est aussi un moyen de truquer n’importe quelle élection à venir pour l’élite technofasciste emmenée par Musk et Trump. De moins en moins de doute que Musk sera le prochain président, élu par les machines. À moins que... ?

Je vois passer ces récits, mais pas les récits de résistance. Quelqu’un partage une vidéo de Bernie Sanders, mais c’est encore un vieil homme qui parle.

En parlant de résistance, je n’arrive pas à boucler vraiment mon RRK, nouvelle version. Peut-être la semaine prochaine, où je dois passer une semaine près de Vichy ; ces choses qui arrivent.

Miss Macinthosh, ma chérie, le problème que je rencontre à ce petit jeu, c’est que j’ai l’impression de m’autoriser à chaque paragraphe un peu plus de liberté à m’éloigner de ce que je crois être la distance qu’il faut au texte de départ, jamais trop, j’espère, mais il faut revenir en arrière souvent. Ceci n’est peut-être qu’une fiction que je me raconte.

La grisaille sans fin engloutissait le bus gémissant, la route face à nous ne paraissait même plus diviser en deux l’espace, les champs bas, rasés, à la fois bas et blanchâtres, le bétail bosselé de vagues collines distantes, sans arbres, couleur taupe. La scène s’élargissait de plus en plus comme celle qui avait dû être la première création, quand seul le Saint-Esprit se mouvait [2] sur les profondeurs. Un visage qui était celui des eaux ambiguës, des sans frontière, des sans rivage. En fait, pour celui ou celle qui n’était pas habituée aux grandes étendues d’eau, la scène était océanique, parsemées d’étangs pâles dans les vapeurs du brouillard, et je n’aurais pas été surprise de voir, glissant sur ces prairies vides et vierges de la première création, quelque chose de la dernière, un nuage de mouettes à gorge perlée, toutes criantes de leurs voix angéliques, ou, amarré à quelque horizon reculé s’éloignant toujours, un bateau en perdition qui ne trouvera jamais son port. Notre route avait croisé, il y avait longtemps déjà, le dernier havre, un phare, une épave. Maintenant, des lumières gelées apparaissaient, c’étaient des lueurs dans le cristal, des alertes dans la plaine sombre enveloppée de brume, comme si toutes les maisons d’où elles étaient émises voyageaient avec nous à travers une distance inconnue d’où aucun homme ne revient vivant. Au loin, comme de la fumée, il y avait des pruniers en dérive, courbé par l’action de vents inexistants, et aucune étoile n’était visible. Dans le faisceau de nos phares anarchiques qui transperçaient difficilement la brume et l’ombre, se tenait, au bord de la route, un grand homme portant un enfant perché sur ses épaules maigres, un homme à deux têtes, fixant le néant, ou au-delà. Nous étions les intrus de sa plaine de silence, et il brandit son poing d’un air distrait, peut-être s’apercevant du danger de marcher sur cette route qui, maintenant, tournait brutalement, comme si elle revenait là où elle était déjà passé. Désormais, il n’y avait plus de paysage.

Notes

[2J’ai trouvé cette formule par Reverso, comme l’écho d’un texte religieux, ce verbe particulier, "se mouvait", qui fait très Missel.

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