Question de guerre ou de paix
lundi 4 mars 2024
4 février 2024
Dois-je signer une pétition pour des armes pour l’Ukraine ? Il y a plusieurs questions qui se posent, de savoir ce que l’on peut ou doit signer. Celle de la fin de la guerre étant la première, la principale. C’est à la fois naïf et indispensable. Mais à qui demander ? Souvent, c’est demandé à qui a le pouvoir de le faire. Le gouvernement français peut-il faire quoi que ce soit sur le sujet ? Il faudrait au minimum qu’il le dise : fin de la guerre. Ça fonctionne avec toute guerre, mais j’ai reçu une demande pour l’Ukraine. Demander à la Russie d’arrêter la guerre ? Les Russes le pourraient, en prenant un risque, on le sait. D’ailleurs, certains ont manifesté en ce sens. Pour moi : bloquer le pays par des grèves et des manifestations. Bloquer l’économie. Plus moyen d’avancer, de payer des armes. Bloquer les routes, les transports d’armes vers la Russie, comment aider les russes qui veulent la paix à faire ça ? Signer pour des armes, inévitablement aggrave quelque chose, et pourtant il faut se défendre : mais qui défend qui ? J’ai signé, parce qu’au point où en sont les choses, quoi qu’il en soit, les auteurs savent ce qu’ils écrivent, et je sais comment s’est passé le débarquement en 44, et comment il a pu être préparé, il y a des situations où l’on ne peut échapper à la guerre, on voudrait une toute autre option, diplomatique, économique, mais voilà, Clausewitz le disait : "la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens". Et la Résistance française s’est organisée car il n’y avait pas d’espace politique pour s’opposer à l’occupant, rejoindre Londres contre Vichy passait par cette dissidence organisée, en fin de compte, par des militaires qui, en retour, n’auraient rien pu faire sans ces Réseaux. Et je ne peux m’empêcher de penser que je préférerais être dans un lieu où cette décision ne me concerne ni de près ni de loin, d’ailleurs j’aurais pu ne pas répondre, mais on signe souvent ces pétitions sur l’humeur du moment et la demande pressante d’un ami, on signe pour une personne, pas pour un texte, au fond. Je pourrais ne pas être connecté au point d’ignorer la pétition, le sujet pourrait se passer à trois milles kilomètres de chez moi, c’est d’ailleurs le cas, mais en un autre temps et l’information mettrait quatre à six jours de voiture, ou plus de cheval. Je pourrais être dans une campagne, en lisière d’une forêt, et personne ne me demanderait mon avis. Et chaque année je donnerais simplement ma voix pour la Paix, et je ne saurais pas faire plus, je ne pourrais pas faire, plus, il y aurait cette confiance que la voix suffit et n’est pas volée pour faire autre chose. Mais voilà, le monde arrive aussi, sans doute un jour, jusqu’au bord des forêts de pensées, et frappe à toutes les portes, et qu’on choisisse ou pas, on choisit qu’on le veuille ou non — je crois que j’ai écrit quelque chose comme ça dans RRK.