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Récit d’un souvenir de paysage

dimanche 24 mars 2024

24 février 2023

En rangeant je retrouve un vieux livre, sorti en 2014, livre collectif, Récit des paysages, à l’invitation de Jérémy Liron. Et quelques heures plus tard, par hasard artificiel, Facebook me le pousse comme souvenir, au jour près, un 24 février donc, mais à 6 ans d’écart, souvenir d’un souvenir que Jérémy avait en 2018, dans uhttps://www.facebook.com/jeremy.lir...n post où il identifiait tou·tes les auteurices. Je partage ce souvenir, je relis le livre, je vais voir les tableaux. On réagit à mon post-souvenir, tout le monde se souvient, on voudrait en écrire un autre, les textes sont vraiment biens, tous, parfois très forts, je ne suis même pas tellement déçu des miens, que j’avais oubliés, je me demande qui a oublié ses textes après tant d’années, je me demande qui pourrait trouver le livre, aujourd’hui, ce que deviennent ces textes dans la mémoire des autres, la mémoire collective, combien de livres ont pu essaimer, voyager, être prêtés, lus et relus, ou alors chaque exemplaire a-t-il été oublié, l’éphémère faisant triompher l’oubli, les peintures ont été décrochées, les textes mis dans une étagère et abandonnés. Mise en abyme algorithmique, hasards de machines qui provoquent les émotions humaines, une pierre de programme jetée dans la mare humaine pour la troubler quelques instants. Cependant, c’est le hasard du rangement qui m’a fait trouver le livre, avant le logiciel, qui n’a fait que répéter, imiter ce qui se passait en moi, comme s’il m’avait entendu, épié, peut-être a-t-il changé la date pour faire remonter un faux souvenir, voire créé de toutes pièces le post original de Jérémy qui dans les commentaires du mien a cru ensuite avoir réellement écrit ça 6 ans auparavant, d’ailleurs le livre ayant disparu de partout on pourrait même douter de son existence, la soirée de lancement dans la galerie Gounot est lointaine, un peu floue, qui était sur la scène, qui a lu, qui est venu écouter/voir ? Je ne sais plus très bien, il me faudrait une béquille-algo pour me confirmer que j’ai bien vécu ce que j’ai vécu. J’ai l’impression que Destroy Keeper parle par ma bouche, je secoue la tête, l’ombre de sa mauvaise influence s’efface un peu, je me soulève du sol de quelques centimètres comme Dita Kepler pourrait le faire, avant de retomber, humain, moi aussi, peut-être.

Landscape / Paysage 107, 113

Ne montent ni ne tombent
Sont là, directement dans la mémoire des yeux
J’oublie quelquefois la forme qu’avait la maison
Ou alors il ne me reste en tête qu’un triangle de piscine, sans être certain que ça ne soit pas un triangle de souvenir ou, pareil, un triangle d’oubli
Du bleu clair qui ne saurait devenir, un jour ou l’autre, que du blanc
Pourquoi le blanc devrait-il être absence ? Est-ce vraiment la surface intérieure de toute chose ?

Où sont-ils passés ?
Comment creuser pour les retrouver ?

Quelque chose de froid où il m’arrivait de mettre les pieds
Là ce sont les yeux qui gèlent, au contact des mémoires oubliées
Sous le réservoir ouvert du toit, celui qui réceptionne le ciel (ou le produit, comment savoir ?) c’est toujours l’été
Pourtant sous les futaies, persiste un parfum
Des trous dans les feuilles, aussi
Quelque saison bleue et fixe
Autour de laquelle je tourne sans bouger

Sous les pieds une vague noire mange les pensées que j’ai eu alors et que j’oublie aujourd’hui

Sous la futaie, le visage de l’arbre baille imperceptiblement
Comme font les masques, le soir
Les angles devinés
Les pièces où l’on n’ira plus
Le puzzle n’a pas besoin d’être terminé, mais à partir de quand peut-on s’arrêter ?
À partir de quel nombre minimum de pièces posées voit-on ?
Dans quel tableau jouent les pièces restées libres ?
Il ne faut pas toucher un animal sauvage, il sera exclu de sa meute.
Il faut laisser les couleurs là où elles ont imprimé la rétine, si peu, jamais assez longtemps, la première fois.

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