Robot

13 novembre 2023

J’essaie de me désabonner d’une mailing liste publicitaire abusive, complètement aux mains des robots spammeurs, et la page de désinscription me demande si je suis un robot. Ensuite, je vais sur le site Signal-Spam pour signaler, et Signal-Spam me propose de m’abonner à sa lettre d’information. Il y a sans doute, ensuite, un test anti-robot. Suis-je humain ? Suis-je robot ? Dans l’hypothèse où l’univers est une simulation informatique où nous vivons, ou croyons vivre, il faudrait répondre : oui, je suis un robot.

Je regarde la date.
En novembre 2015, il faisait beau, il faisait chaud, il y avait du monde en terrasse. J’avais noté dans mon journal éclaté [1] archivé et patiné (je me cite, ça fera une page doublon aux pauvres robots-spiders qui indexent les sites) :

Je gâche ma vie à pas sortir par ces jours exceptionnels, même pas allé mettre le nez aux bords de Seine ni dans un grand jardin public et roux, suis resté enfermé à regarder L’année dernière à Marienbad — “L’année dernière à la même époque, l’eau du bassin avait gelé”. Fenêtres ouvertes et en T-shirt tout de même.

Mais surtout, c’était précédé de quelque chose d’autre, qui rappelle un phénomène qui s’est produit ces jours-ci : la mise en avant de Marine Le Pen suite à des attentats. Comme un mécanisme.

Mettre en avant le FN, surexposer Marine Le Pen (je vois son visage sur les écrans plats des cafés) c’est pour le journaliste, peut-être, l’acte conscient-inconscient, ou conconscient, qui le mènera ensuite, une fois elle élue, lui dans le camp flamboyant du journalisme de combat, militant anti-pouvoir, défenseur des libertés bafouées — qu’il avait contribué à détruire du temps que son bord était au pouvoir — fiction qui se joue dans sa tête d’écran plat.

Parfois, je vois la poésie d’un court tennis abandonné, quand il faudrait plutôt voir le passing-shot gagnant d’un poème oublié.