Technofascisme
vendredi 7 février 2025
6 février 2025
Brian Driscoll a été nommé comme par le fruit du hasard au poste de directeur, par intérim, du FBI. En fait, cette nomination fait suite à une série de procédures administratives, qui semblent tout à fait naturelles, nécessitant des remplacements en cascade, ceci après une démission et une retraite précipitée. Ces deux événements font penser à des décisions de désobéissance, des refus d’être in charge avec cette nouvelle administration. Cela se termine par la nomination du chef du bureau extérieur de Newark, autant dire nulle part, quelqu’un que probablement personne n’attendait là. Seulement, Brian Driscoll a une éthique qui lui interdit de fournir la liste des agents en charge des enquêtes sur les émeutes du Capitol, demandée par Washington. Le simple fait que cette liste est anticonstitutionnellement demandée devrait disqualifier et éliminer. Mais on qualifie à la Maison-Blanche son geste d’insubordination. Il est pour le moment le seul exemple que j’ai de fonctionnaire désobéissant aux ordres du nouveau pouvoir technofasciste en place depuis le 20 janvier. Is this a coup ?
Au sommet de la fontaine des Innocents, la mouette rieuse de Gaston Lagaffe se pose et crie, rit, en nous regardant marcher sur la place, elle se contorsionne et rit de plus belle.
Je préférais quand le lapin Duracell était une peluche mécanique réellement électrifiée par une pile. Aujourd’hui, tout est faux, rien ne garantit que la pile que j’achète saura donner une fausse vie à une forme de synthèse cunicole.
Le premier mandat de Trump, c’était chaque jour une énormité, je ne sais plus qui avait théorisé ça, cette technique visant à nous abrutir, nous hypnotiser. Et c’est reparti, mais avec encore plus de force de tétanisation, de stupeur, plus de passage à l’acte aussi, et pas seulement là-bas. Je n’ai même pas envie d’écrire le sommet atteint aujourd’hui, qui s’est propagé jusque dans nos médias, où l’on se pose sérieusement la question de forcer au déplacement toute une population, pour construire un centre de vacances pour riches ; car demain nous attend.
Mais il y a des gens comme ça, je veux dire dans la vie de tous les jours aussi, au marché, dans le bus, au bureau, partout.
Je pense que d’autres l’ont fait, mais je voulais me faire, pour moi, un résumé de l’évolution de "la tech" vers le technofascisme, la rencontre entre un nouveau libertarianisme né sur des ruines hippies de la Californie dans les années 70, et un pouvoir technologique né au même endroit au même moment, qui a fini par ignorer les frontières légales des États, de fait, par son réseau informatique dont les avancées successives ont toujours pris de court les réglementations nationales. Je voulais utiliser ce mot, technofascisme, non pas comme il désigne habituellement le fascisme "porté par" les réseaux, ou "l’expression de" la fachosphère en ligne, mais plutôt comme un terme qui pourrait désigner ce qui se passe aux États-Unis, entre Washington et la Silicon Valley. Entre un rêve de vivre sans État, sans loi fédérale, dans une sorte de Far west permanent de la loi du plus fort, du plus riche qui ne paie pas d’impôt et les pauvres n’ont qu’à bosser pour se payer leurs soins, et une réalité technique d’absence d’État quand on pense à Internet et à plusieurs décennies de développements progressifs (comme les étages d’une fusée qui se décroche : d’abord les ordinateurs, ensuite les ordinateurs chez les gens, ensuite les maisons connectées entre elles, ensuite les gens connectés par des appareils portés sur eux, et les monopoles, et le fait que le G7 de Bruxelles en 1995 a laissé le développement des Global Information Infrastructures aux entreprises privées, et l’acquisition de capital tout au long du processus, amenant ces jours-ci à un besoin de, en quelque sorte, toucher ses dividendes, passer dans le monde réel, IRL, transformer le pouvoir numérique en pouvoir politique, géographique), amenant à venir prendre le contrôle des administrations par l’informatique, par l’information, par les ordinateurs fédéraux. Bref, tout ça, assez simplistement pensé dans ma petite tête, pour imagier un jour futur écrire une note de blog en ce sens, et ce faisant, ce pensant j’ai trouvé ceci qui est pas mal, beaucoup mieux que d’autres choses illisibles trouvées, bref, qu’il faudrait parcourir, trouver d’autres sources, analyser, critiquer, préciser, et en déduire, quoi, des choses enfin. Mais à la place, j’ai fait des raviolis en boîte.
...ces histoires de mouettes qui remontent les fleuves jusqu’au terminus des métros.
Messages
1. Technofascisme, 7 février, 21:27, par cjeanney
si tu as l’occasion de regarder (6 épisodes de 15 mn) la silicon fucking valley sur arte, il y a aussi tout un passage sur Stanford (qui, du point de vue architectural, fait brûler les yeux) (et si y’avait que ça)
1. Technofascisme, 13 février, 22:37, par JS
oh, merci pour la réf !
2. Technofascisme, 7 février, 22:42, par aunryz
La métaphore des raviolis en boite est tout à fait adaptée
...
notamment parce qu’en l’ouvrant
on peut s’y couper
et saigner
...
tu ne t’es pas blessé ?
Quand j’ai eu un apple II, j’ai été persuadé que l’on avait redécouvert une amérique, alors que quelques années avant, je n’avais qu’un seul objectif, me planquer quelque part dans le monde où c’était encore possible.
En regardant dans le rétro, j’ai envie de me donner des baffes, d’autant que mon rêve de nouvelle Amérique, je l’ai communiqué à ceux auxquels j’ai enseigné l’usage des nouveaux outils.
Jusqu’au jour ou j’ai analysé de façon formelle "l’interactivité" Homme-Ordi (dans des séquences d’apprentissage (EAO)) et que je me suis aperçu avec horreur que cette interactivité était en réalité de la dépendance. (99%/1%)
1. Technofascisme, 13 février, 22:36, par JS
merci pour le commentaire, en effet, ce sentiment de gâchis, que quelque chose était possible, mais qu’il aurait fallu développer combien de fois plus d’énergie que les forces adverses pour le faire advenir ? — et désolé je n’ai pas de notification pour les messages de forum, mais après tout, justement, nous ne sommes pas pressés, n’est-ce pas ?
:-)