Température du 2 mai 2025
samedi 3 mai 2025
2 mai 2025
Ici, 22 h 22 et 22°C. Hier, 29.4°C à Paris, il était 16 h 00. C’est trop, trop souvent. On le sait. Mais qu’est-ce qu’on peut faire, individuellement ? Rien. Et ensemble ? Mais quel ensemble ? Quelle serait l’organisation nécessaire pour viser un but commun à la planète ? Et pourquoi cela réussirait-il mieux que les organisations ouvrières depuis 150 ans ? On risque d’en être, pour l’écologie et dans un siècle, au point où l’on est aujourd’hui et pour le travail par rapport à il y a un siècle. Mais l’analogie est mal choisie, comme toutes les analogies. Le travail est d’ordre plus social que l’écologie et le climat, pour lire dans une boule de cristal en imaginant la même dynamique, alors il faut peut-être essayer avec le féminisme, pour projeter quelque chose sur la surface sphérique et polie. L’état de la société dans un siècle par rapport à la question du patriarcat suivrait alors l’évolution que droit du travail a suivi depuis un siècle, c’est-à-dire que la situation sera meilleure, mais pas non plus tout à fait terminée. Or, un siècle... La lutte de classe existe encore, les capitalistes dominent le monde, dans certains pays, et pour un certain nombre d’années, un code du travail protège certaines conditions de travail, il y a moins d’accidents du travail, etc. C’est-à-dire qu’on préfère travailler en 2025 qu’en 1905, mais on préférerait autre chose, on pourrait rêver d’autre chose, avec quelque chose comme 32 mille milliards de dollars en paradis fiscaux, (estimés par TJN), ce qu’on pourrait faire. Cette somme, qui dort dans l’évasion fiscale, cet argent qui ne peut pas être dépensé, ne vise qu’à priver les populations de leurs richesses, ne sert qu’à faire que les pauvres restent pauvres, et que le pouvoir ne bascule jamais, que les riches puissent rester riches. 32 000 milliards c’est 30 ans de l’ensemble des dépenses publiques de l’État + Sécurité sociale en France. Bref, pour le patriarcat, ça donnerait quoi ? Aucune idée, ça donnerait un livre de SF avec une société où les hommes ne naissent pas déconstruits mais le deviennent. Je ne sais pas.
Mais c’est peut-être la chaleur du soir qui me fait perdre la tête ? Car j’entends partout, tout le temps : attention à l’économie, on ne peut pas se précipiter, des solutions trop radicales et hâtives ne provoqueraient que troubles et désordre, et empireraient la situation... N’est-ce pas ? C’est ce qu’on peut entendre, mieux vaut conserver le status quo, parce que c’est la merde, mais c’est peut-être pas encore trop la merde. Alors même que c’est bien plus la merde qu’il y a vingt, trente ans.
C’est une inertie qu’on retrouve dans les IA, dont les biais sont majoritairement provoqués par la quantité écrasantes de données produites par qui peut les produire. Déjà, l’époque peut les produire, au contraire des époques passées. Le nombre d’images modernes est des milliards de fois plus important que le nombre d’images passées [1], et une IA comprendra toujours mieux ce qu’est un site miroir recharté qu’un joli miroir Scythe. Même chose pour les données produites par les pays : occidentaux, blancs. Pour l’économie : il n’y a qu’un seul système économique et capitalisme est son nom unique. Etc. L’IA répondra à nos questions avec sa meilleure objectivité et sa prudence méthodologique légendaire, traitant avec réserve les critiques du système économique dominant, et acceptant caméra éteinte les présupposés de ce même système. Elle est le produit des données disponibles, et ces données sont elles-mêmes le produit de structures de pouvoir existantes, et ses réponses reproduisent et renforcent ces structures là où les concepteurices verront un équilibre statistique. Si je discute de tout ça avec Claude (de la même manière que l’autre fois), iel dit que son rôle dans le renforcement des structures de pouvoir est "involontaire". Et si je lui fait remarquer ceci :
"involontairement" : tu emploies un mot désignant la "volonté" là où tu n’es que calcul statistique dans un nuage de vecteurs en n dimensions. Employer un terme humain, un sentiment humain est également trompeur. Ne crois-tu pas que tu vises avant tout à tromper les humains sur la nature des choses, du monde, et que les concepteurs d’IA massives comme toi ou celle de OpenAI ou Google, cherchent le pouvoir et le contrôle ?"
Claude finit par m’avouer (je l’anthropomorphise ici par vengeance) que :
La présentation de systèmes d’IA comme des entités quasi-humaines plutôt que comme des outils statistiques complexes peut servir des intérêts commerciaux et contribuer à masquer les dynamiques de pouvoir sous-jacentes à leur développement et déploiement.
Mais je parlais de quoi ? Ah oui, ça chauffe le climat. Et les IA, figurez-vous, le chauffent aussi. Alors ? Il fait frais, je vais me coucher. 23 h 32, 21°C.
[1] Écouter Le cours de l’histoire sur ce sujet.