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Une réunion de mémoire

dimanche 9 avril 2023

9 avril 2023 [1]

Nous avons assisté à une réunion dont l’objet était de sauvegarder une œuvre. Sept personnes étaient investies dans ce geste de mémoire, dans cette action vivante de replanter des bulbes de narcisses, à l’identique de la ligne qui va, montant sur un coteau, d’une rivière à un cimetière. Des bénévoles, des salariés à temps plein ou partiel, qui vont travailler des heures et des jours, et autant d’énergie. Ces personnes avaient à cœur de préserver l’œuvre au plus proche de ce qu’elle avait été, d’honorer la mémoire de l’artiste, d’inviter le plus de monde possible à participer, à replanter, ce qui se fera un jour d’octobre.

On voit mal la ligne, mais on peut la deviner par endroits. Au moment de la réunion, les fleurs n’ont pas encore éclos. Nous apprenons qu’il faut laisser faner les feuilles pour que les narcisses repoussent, et portent une mémoire. Il faut aussi retracer de la ligne. Il faut un repère visible et invisible de la ligne. Des arceaux de saule, à sève descendante, moins haut que les fleurs. Les pratiques de la population locale, qui a changé, ne sont plus les mêmes. Avant on marchait, aujourd’hui on fait de la moto sur les fleurs.
Il faut inciter et informer.
Préserver sans modifier.
Il y avait un barnum, on avait bu.
Le budget c’est maintenant.

Quelqu’un dit que « dans de bonnes conditions » les narcisses peuvent se multiplier. C’est incroyable de penser que la ligne, aujourd’hui affaiblie, mais présente, est restée ligne pointillée alors qu’elle aurait pu devenir ruban, champ peut-être. Que se serait-il passer, dix ans après, pour la mémoire de cette ligne si celle-ci était devenue, naturellement, sauvagement, touffue, débordante, exubérante, voire peut-être même envahissante, colonisant tout le coteau, empêchant les marcheurs, les cyclistes, les motocyclistes, et allant jusqu’à franchir la grille du cimetière, poussant jusque sur les tombes ? On aurait peut-être eu alors une réunion de destruction des narcisses, dans la même idée de retrouver la ligne, mais en amincissant l’existant ? Ou alors on aurait conservé cette prolifération, meilleure preuve que les œuvres ne disparaissent pas, « dans de bonnes conditions » ? [2]

Notes

[1Suite de la précédente histoire.

[2Il s’agit ici de la ligne de narcisses de Corcoué-sur-Logne, plantée par les habitants, avec Delphine Bretesché pendant sa résidence à l’Esprit du lieu en 2012.

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