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Voix intérieure

samedi 2 janvier 2021

17 décembre 2020

Hélène Loevenbruck dans La Méthode Scientifique : "La voix intérieure est une prédiction (du son que ça devrait faire)".

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Dans un rêve — un vrai rêve que j’ai fait, pas un rêve comme j’en écrit de faux ici parfois, ou de déformés, rêves de rêves — mon bras droit un peu bloqué — une vraie douleur que je traîne depuis quelques semaines, qui va, vient, et donc sans doute pas grand chose, un truc coincé et j’attends que ça se décoince — en raison d’un cancer (je suis revenu dans le rêve) parce que je ne peux pas écrire sur des personnages morts ou vivants — ça, c’est ce que j’essaye d’écrire en ce moment, c’est à propos de l’en-cours bien sûr, récit ou roman historique. Je comprends que je dois abandonner mon projet sur ces personnages/personnes. Mon corps ne supporte pas, dure des semaines, empêche de dormir — il y a les petites voix qui se mettent à parler le soir — voix de la prédiction — et le moyen de m’en sortir — je dois me sortir de cette douleur — la voix de la psychanalyse, quelque chose dérègle ou règle le corps et c’est la voix — un peu trop lourd à porter pour la psychanalyse de résumer les maux aux mots aussi bêtesimplement mais c’est comme ça, parfois ça marche ainsi — je dis "parfois", je le souligne — parfois — le moyen est donc peut-être de transformer les noms réels en les modifiant, en ajoutant de la fiction, en transformant, avec un disclaimer pour dire que le roman s’inspire de faits réels mais ne prétend pas retracer l’exactitude des faits, et qu’il s’agit bien d’un roman. Rester dans ce qu’il s’est passé, dans l’enchaînement des faits, mais les libertés que j’aurais dû prendre de toute façon deviennent autorisées — les pensées, les motivations, les paroles, qui étaient-ils ? Que votaient-ils ? Pourquoi ont-ils fait ça ? Etc. Là, j’ai une liberté supplémentaire, légitime. Ou bien : aller plus loin, changer complètement les noms, rendre méconnaissables les événements, truquer entièrement. Avec un peu de chance on ne m’en voudra pas ; les familles, ceux qui restent. Je ne sais pas. Je peux aussi tout abandonner parce que je vois bien qu’au fond, peut-être, cette littérature ne me plaît pas et n’est pas mon genre [1] et depuis le début je me demande pourquoi je me force à faire ça, à courir après ce rêve de livre qui se lirait, se vendrait, je rêve — mais c’est un rêve éveillé — d’une adaptation au cinéma, etc. Comme si je pouvais espérer quelque chose de cet ordre. Sans doute que sans ce mince espoir personne n’écrirait ? Il faut que je me réveille, retourne à mes recherches habituelles sur comment décrire, mes occupations de langues à modeler, d’espaces à explorer, à coder parfois, ces espaces restreints, dissimulés presque, invisibles [2], lieux où ne pas être et où le texte est seul. Où ne pas être ? [3] Mais comment ne pas être ?

Notes

[1Pardon, je m’amuse comme je peux.

[2Être rien plutôt que Victor Hugo, mdr.

[3Telle est la question topologique.

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