Vrac angoisse

4 janvier 2022

Fatigue extrême et incapacité de concentration. Peurs diverses qui s’accumulent en un nœud inextricable, inexplicable. Le Xanax, indifférent, seul me comprend désormais, cependant que je n’en ai plus en stock. Je fais disparaître Mohamed Cheminée et Akiko Veste. Avant d’arriver à La Ferté-sous-Jouarre : deux villages de pavillons et de champs cultivés au pied de collines. Le soleil rasant dramatise leur apparition à mon approche routière. Une fois garé, je découvre la Marne, elle est tellement large ici. Un monument aux morts édifié en 1922 se trouve près de la Poste. Mais était-ce la Poste en 1942 ? Je viens ici pour RKK. Je conduis pour écrire, c’est dangereux. La petite place de l’église me fait penser à Péronne, avec les commerces tout autour. Je porte le masque dans les ruelles désertes. Je n’ai aucune idée de ce à quoi ressemble le protocole dans ce département, ni dans aucun autre. Au fond de moi, j’ai des croyances, comme celle que le virus est une ressource de la Nature qui cherche à punir l’humanité pour son capitalisme, d’une certaine manière, ou quelque réaction de la Planète pour se défendre contre les effets de notre espèce nuisible, un phénomène qui serait tout à fait explicable, retraçable, si l’on s’y penchait un peu, comme les plantes mordues sur une feuille par une chenille l’entendent et modifient peu à peu le goût de leur sève sur toutes les feuilles pour la dégoûter, elle et ses congénères, d’aller plus loin. Je me reprends, en réalité, j’ai simplement envie de baisser les bras, par rapport à ce virus, abandonner les précautions, me vautrer dans la mort pourquoi pas ; ce sont des pensées naturelles si l’on suit un peu trop l’actualité. Ou alors je peux conduire sur les nationales entre des bois dénudés et surprendre parfois une biche au loin, qui garde ses distances, tandis que le givre menace, à l’heure de cet équilibre délicat entre pression atmosphérique, taux d’humidité et température.