Y’a un truc qui fait masse
samedi 25 janvier 2025
24 janvier 2025
Je cours dans la nuit parce que je crois rater le TGV. C’est à cause de Maps, il n’avait pas "métro" de coché, ma faute, d’il y a x jours, et il me faisait prendre un bus à Châtelet.
Le soleil n’est pas levé. Je prends la 4 aux Halles au lieu de la 6 à Nation. C’est un des trois trajets possibles, sachant que l’un d’eux ne passe par Paris, ceci grâce à Mickey Mouse.
Dans l’inOui (ce nom, qu’il faut écrire…) je suis côté vitre. Plus loin, au fond, un groupe de bikers s’installe sur 7 ou 8 places. Les vestes, les piercings, c’est une sorte d’uniforme, on ne peut pas se tromper. Rires épais, démonstratifs, blagues pour tout le wagon. L’un d’eux a une illustration "Hells Angels" dans le dos de sa veste en jean noir, mais pas très bien dessinée. C’est bien la première fois que je vois des bikers dans un TGV. Sorte d’étape ultime de la sécurité routière. À un moment, j’ai un vague souvenir de Bikers nazis, mais aussi de Bikers hippies. À choisir, ceux-là seraient plutôt nazis. Des vieux blancs chauves, une femme. Je juge comme ça, j’ai rien d’autre à faire dans ma tête : décidément, quelle époque, dedans. Il doit y avoir des obédiences, enfin comme les non-bikers en somme, mais il y a un truc de clan, de défiance face à la loi, rapport à la liberté, les grands espaces américains, les armes à feu, le mot outlaws, et des alliances aussi, je ne sais plus ; je vérifie sur Wikipédia. Dans le TGV, je me demande s’ils ont cette caractéristique, ou une autre. Ou si l’image est choisie par goût pour le nom sans se soucier de l’histoire, il l’a peut-être fait lui-même vite fait à cause de la la sonorité. La typo du voyageur n’a rien à voir avec celle du logo officiel. Les pages Wikipedia US et FR sont très différentes. Autrement, la version FR est expurgée de toute référence à la ségrégation. La page US aborde le sujet et dit que le club n’est pas officiellement une organisation racialement ségréguée, mais précise qu’au moins une section aux États-Unis exigerait que les candidats soient des hommes blancs. "Sonny Barger, l’un des membres fondateurs, a déclaré en 2000 :
Le club, dans son ensemble, n’est pas raciste, mais nous avons probablement suffisamment de membres racistes pour qu’aucun homme noir n’y entre.
Je ne suis même pas étonné de la version FR, ce n’est plus du biais, c’est de l’organisation. Et je ne vais certainement pas proposer quoi que ce soit ("wikipédia c’est ouvert, tu peux participer, smiley souriant") sur ce repaire de bureaucrates, j’ai déjà donné, et maintenant je préfère éviter les insomnies.
Un jour, j’ai vu un biker pavoiser sa moto d’un drapeau sudiste, je doute que, dans ce cas, ce fut sans raison. Parfois, c’est simple, pas d’excuses à chercher, comme pour se rassurer. Ça rassure pas.
Je reviens souvent à cette question : comment peut-on ne pas chercher à savoir ? Je n’aime pas penser que ce serait élitiste, ou classiste. Parce que dire ça, c’est refuser que les gens puissent être capables de changer, d’apprendre. Malgré la reproduction de classe, les difficultés de la vie, le travail et sa fatigue, j’espère toujours, et depuis toujours, que chacun·e soit tiré·e vers le haut, et puisse se dire que c’est possible et soit aidé·e en cela — comment ? Mais tout est fait pour enfoncer les gens, bien sûr. Par milliards et milliards d’investissement, par milliers et milliers d’images, par heures et heures continues de discours, par écrasements répétés, réguliers, organisés dans ce but unique : empêcher, ligoter, bâillonner, avec le consentement qui va avec. Et la "gauche" arrive en disant que son adversaire c’est la finance, alors qu’elle est son jouet.
Et le soleil n’est pas encore levé.
Je ne connaissais pas la tête de Larry Ellison. Ni celle de Shou Zi Chew.
On ne parle assez de Larry Ellison, quatrième centimilliardaire au monde, après Musk, Bezos, Zuckerberg. Il possède Oracle, une société d’informatique vieille comme l’informatique, qui produit des systèmes de gestion de bases de données, des logiciels de gestion de la relation client, et possède le langage Java. Et attaque le langage Javascript pour l’utilisation du mot "Java" dans son nom. Entre autres. Larry Ellison pense fermement que la bonne société du futur est une société du contrôle où "la police et les gens feront attention à ce qu’ils font parce qu’ils seront surveillés et enregistrés en permanence par des caméras supervisées par IA". Oui, c’est une citation, la vidéo. Il fait partie du projet lancé par Trump, et Sam Altman d’Open AI (ChatGPT) parmi d’autres (mais sans Musk ! Mais ils se connaissent tous, jusqu’à un ancien de Paypal à la Maison Blanche) dans lequel les États-Unis investissent 500 milliards de dollars, garantis par une banque Japonaise.
Les nouveaux réseaux sociaux vont vite déjà ressembler aux anciens, trolls perçant les bulles de filtres, agressions par commentaires, DM, vrais-faux comptes d’arnaques en tout genre, diffusion massive d’images anxiogènes de l’actualité...
Puis y a un truc qui fait masse, chantait Bashung.
C’est quoi l’effet de masse ? On se demande, surtout en ce moment, les mécanismes d’inertie, dans les foules, dans les cœurs politiques. Ce matin, après le lever du soleil, dans le bus pour le campus de Poitiers, un double à accordéon, rempli, assis, debout, personne ne presse Arrêt demandé pour Rabelais. Et le bus ne s’arrête pas à ce premier de deux arrêts le long du campus de l’UFR... 80 personnes peut-être ? Tout le monde étant persuadé que quelqu’un avait demandé l’arrêt. Ou que le chauffeur, vu le nombre de passager·es, s’arrêterait automatiquement. Très curieux moment d’inertie citoyenne. Tout le monde pensait que. Mais personne n’a poussé le bouton. Et on s’est tous retrouvé au fond de l’abîme. Non, à l’arrêt suivant, ça m’arrangeait en fait.
Entre la migraine, dont les pics s’enfoncent de l’œil par le crâne vers le cortex, et le délice de Fip qui permet de m’en soigner un peu, dans le TGV du retour de Poitiers, j’entends par bribe les annonces et mon stress refait un bond... Valises, bagages, étiquetés, service de déminage, attentat, gare de Saint Pierre des Corps... Mais c’était un découpage audio de "pas d’attente à la voiture bar", attente à, attentat. J’essaie de dormir. J’abandonne l’idée d’aller écouter Claro à la MDP pour Parler me semble ridicule.