Ouvrir un livre
vendredi 29 décembre 2023
29 novembre 2023
Toujours difficile de, régulièrement, me rendre compte que l’écriture, c’est pas ça. Et puis il faut un projet, toujours, sous le coude. J’en ai. J’ai des textes terminés, de textes en cours, des textes à venir. Il faut écrire les projets, qui parleront des textes.
Je rentre dans la librairie, pour me réchauffer, je n’ai pas d’argent à mettre dans des livres, malheureusement, en ce moment. J’ouvre le François Bégaudeau dont j’ai lu/entendu tant de bien chez les critiques professionnel.les et je me dis que cette fois, un petit livre comme ça, bien "ciselé" et tout ce qu’il faut, comme on l’entend. J’ouvre et lis les deux premières pages, et me retrouve face un Marc Lévy vaguement augmenté si je puis dire.
À un moment un ballon rebondit jusqu’à elle agenouillée pour lustrer le sol.
Il y a des phrases mal construites, et rien d’intéressant vraiment, l’histoire surprend un peu plus ensuite, je veux dire c’est pas un truc à l’eau de rose, mais pas non plus de quoi se taper la tête contre les murs. Enfin, si, justement. Je n’arrive pas à lire cette phrase :
Le jour du bingo de soutien aux sinistrés, des bénévoles assis à l’entrée du gymnase encaissent les 12 francs solidaires de l’inscription. Gérard et Jacques font carte à part, histoire de se défier pour rire. Maryvonne sait que ce n’est pas que pour rire. Dans la famille mauvais joueur, elle a pioché le père et le fils.
Ce rythme, impossible à lire. La métaphore du jeu des Sept familles pour parler de famille. Je ne sais pas. Sans arrêt des inventions de langage promises par les critiques se réduisent à d’illisibles "partenaire féminine", "nargue Gérard", "binôme fortuit". Quel délire frappe les journalistes, les éditeurs ?
Je vois encore un nouveau livre de Jean Teulé. Il devait y avoir une clause dans son testament pour s’assurer que les couvertures de tous ses prochains livres resteront hideuses et clinquantes. C’est sûr, agaçantes et inoubliables, c’est ça le truc. Je lis quelques pages. Je referme le livre.
Je vais parfois dans un endroit plein de gens riches, c’est sur un trajet, il n’y a pas grand-chose d’autre, et ils font du café. Les gens riches parlent fort, ils ont une attitude sûre d’eux en toute circonstance, c’est fascinant. Depuis commander un Perrier, à se laver les mains aux WCs, marcher vers la sortie, regarder les ondulations vertes du golf. Il y a un je-suis-dans-mon-bon-droitisme de partout, dans le moindre geste. Leurs vêtements semblent neufs, toujours. Même les vêtements des enfants de riche, semblent neufs et propres, tout le temps. Tout le monde sort de chez le coiffeur. Ils parlent fort, aussi, qu’est-ce qu’ils parlent fort.
Impossible de travailler, avec tout ça. Ça me met en colère et m’épuise et me rend triste tout à la fois.