Norvège, 2
lundi 4 août 2025
Dans la rue, l’enfant japonais marche derrière sa mère et tète littéralement au sac à dos de celle-ci à une gourde qui y est dissimulée, par un tuyau qui en sort, recouvert de tissu imitant un cordon ombilical. Il fait ça tout en marchant, j’ai pendant un instant l’impression qu’il ne peut pas, au prix de sa vie, détacher sa bouche de ce tube. Je ressens pendant ces quelques secondes un malaise comme un effet Cronenberg.
Dans le supermarché ouvert jusque 23 h, comme aux guidons des vélos transportant des livraisons de plats à domicile, comme dans les restaurants du quartier cosmopolite, des personnes racisées travaillent tard, alors que dans le guide Vert est annoncé que les norvégien·nes aiment leur confort de quitter à 17 h. Mais ici comme dans toutes les capitales, travail précarisé rime avec travail racisé. (Ce qui sera moins vrai dans d’autres villes.) Et puis les prix aussi, de tout, si élevés, surtout les restaurants, comment peut-on vivre, sortir, ici ?
À trois heures, c’est déjà l’aube.
Mais d’Oslo, je n’ai rien vu, qu’un quartier vraiment, le reste en passant. On ne peut pas écrire sur un peuple, mais sur une personne. On ne peut pas écrire sur un pays, ni sur une ville, mais sur une rue, un immeuble. On ne peut pas écrire en touriste.