Norvège, 8
jeudi 7 août 2025
Geilo. On perd le fil des jours de la semaine. Heureusement, j’ai pour moi l’algorithme du Jour du Jugement Dernier, de John Conway, mon mathématicien préféré. Et c’est ainsi que je m’amuse à vérifier ce « lundi 4 avril 1928 », dans Ecuador.
Voir l’encart ci-contre au sujet de cet algorithme
La puce à l’oreille à cause du "lundi 5 avril" qui suit dans le texte, quelque chose ne va pas. Je vérifie, et le 4 était un mercredi. Le dernier jour correct de sa datation est le « mercredi 21 mars ». Le premier jour faux, « dimanche 3 avril », est celui où il prend de l’éther. Il faut attendre le 5 août pour retrouver un jour de la semaine correct, dimanche (en fait, ils ne sont pas toujours notés devant la date).
Sur la carte de la limite jour-nuit, on observe que l’aube et le crépuscule sont plus larges, on passe plus de temps dans cette épaisseur. C’est une carte qui montre le planisphère mondial à plat, sous forme d’un rectangle, et la partie de la Terre à l’ombre est délimitée par une forme qui change au cours de l’année. L’hiver, le Pôle Nord et dans le noir, l’été c’est le Pôle Sud, et au printemps et à l’automne, les deux sont un peu dans le gris. Cela forme une tache d’ombre qui se déplace tout au long de l’année. Et l’été, ici, ce qu’il se passe : le soleil met plus de temps à se coucher. Car la courbe de la limite s’allonge vers le Pôle jusqu’à redescendre, et dans cette élongation, l’épaisseur de flou, d’entre-deux, grandit. C’est au ralenti que le soleil se couche si tard. Comme si le temps s’arrêtait, comme cette idée qu’on a parfois de désirer que la journée s’éternise, comme si ce vœux impossible se réalisait enfin. Dans ce mouvement lent, vient un sentiment de paix, d’éternité, mais aussi un effroi face à la possibilité que la Terre s’arrête de tourner. C’est à la fois la vie prolongée et la vie arrêtée.