Des alliances

26 octobre 2023

Là où se rejoignent les guerriers (pourquoi ne pas les appeler comme ça ?) c’est que les journalistes sont une entrave, sauf quand ils relayent la propagande, autrement, silencieux, ou mort, c’est mieux. Vingt journalistes Palestinien-nes, trois Israélien-nes, un Libanais. Quant au ratio, trois semaines après...

Elvis à la radio. Je lis Sabine Huynh, en pensant à elle, à Tel Aviv, qui n’oublie pas les morts et prisonniers du 7 octobre comme je me rends compte que beaucoup "à gauche", le font en voulant mettre tellement de contexte et de mots pour dire quoi, au fond ?

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Par où commencer pour écrire l’histoire de cette petite fille inconsolable aux grands yeux sombres, telle qu’elle apparaît sur cette photographie en noir et blanc, flanquée de sa mère et des deux sœurs de celle-ci, cliché pris à Saïgon en 1976 par son père, juste avant le grand départ pour la France, et devant laquelle ma fille et moi passons tous les jours, ici, à Tel Aviv, dans notre appartement, puisqu’elle se trouve sur une étagère de la bibliothèque du salon, plus précisément sur l’étagère des lettres K et L ? Derrière chaque photographie se dresse une montagne plus silencieuse que tous les silences de nos vies empilés, car la photographie, en ne montrant que l’instant où elle a été prise, n’en dit souvent pas beaucoup plus que les gestes ou expressions saisis en plein vol, les postures raides, ou les poses faussement nonchalantes, les sourires forcés, les visages fermés ou les traits crispés que l’on y voit. Son mystère intrigue et génère des questions, donc des textes, ce qui nous mène aux livres : ils parlent, ils nomment les choses, on peut y trouver des réponses, et, à défaut, des échappatoires à la chape de silence. Derrière chaque livre se dressent les histoires de leurs auteurs, mais aussi toutes celles qui ont remué la vie de leurs lecteurs. Nous avons été modifiés par nos lectures. En parler, c’est nous livrer.

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Je me souviens de Ramallah les étoiles, de Sébastien Ménard, qui est dans son Soleil Gasoil [1], ou sur son site dans sa version numérique d’origine.

liste des choses que tu as déjà entendues dans la salle du centre social d’un camp de réfugiés dans les territoires palestiniens occupés :

"s’ils sont là moi ça ne me pose plus de problème maintenant qu’ils sont là - de toutes façons quoiqu’il arrive, jusqu’à preuve du contraire, nous, les palestiniens, on est incapable de s’organiser ensemble - je peux te faire les accents de toutes les villes de Palestine tu verras c’est fou alors la différence entre l’accent français et l’accent belge oui je comprends ça fait sens pour moi aussi - je sais pas si tu sais que la plupart des mecs qui construisent le mur sont des palestiniens et la plupart des entreprises qui fournissent le béton sont palestiniennes tu vois - non mais maintenant ils sont installés à côté qu’ils restent là moi je vais pas leur dire de partir j’ai pas envie de faire pareil je veux juste qu’ils me laissent aller à peu près où je veux quand je veux - tu sais si on fait le tour de la table ici tous les gens qui sont ici sont déjà allés dans une prison de l’autre côté ou bien s’ils n’y sont pas allés il y a au moins un membre de leur famille qui y est actuellement - l’année dernière deux enfants sont allés jouer de l’autre côté de la route en haut tu vois et un des deux s’est approché trop près de la barrière alors ils ont tiré et ils l’ont tué - moi j’en sais rien s’il faut un état deux états et même personne n’en sait rien parfois je crois qu’on n’est pas assez seul pour se décider - mais maintenant, maintenant qu’on a parlé qu’on a donné nos points de vues on est obligé de choisir tu vois on peut pas rester là comme ça à attendre il faut être dans un camp ou dans l’autre - cigarette, tu veux une cigarette - ce que je propose c’est qu’on se réunisse un jour dimanche par exemple et on parle tous ensemble de ce qu’on peut faire - après c’est bien t’es venu ici toi ce qu’il faudrait c’est que, quand tu rentres, tu dises tout ce que tu as vu tout ce que tu sais déjà ça c’est bien [...]